Chapitre 42 (2/2)

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— Je ne pensais pas que tu aurais fait la paix avec ton passé, dit le dieu, songeur.

— Qu'est-ce que vous faites là ?

— Mais ton présent est riche de souffrances. Tu ne t'en sortiras pas, cette fois.

— Quoi ? Non, je te vaincrai !

Surielle s'élança vers le dieu, ne rencontra qu'un écran de fumée. Désorientée, elle se retourna. Tous ses repères venaient de disparaitre, et de nouveau, ses pensées s'embrouillaient.

Où était-elle ?

Le ciel s'éclaircit, dévoila une prairie à l'herbe verte et aux fleurs colorées, la senteur des résineux à proximité. Un sourire éclaira le visage de Surielle alors qu'elle reconnaissait l'endroit. Massilia, la planète natale de son père, et plus précisément la petite ville d'Agathe, près de la Cité d'Émeraude, où ils passaient régulièrement des vacances en famille.

Une nappe avait été déployée sur l'herbe, et Satia y disposait le contenu d'un panier. Des petites tourtes à la viande, des brioches, une salade colorée. Surielle en salivait d'avance. Son père se posa à leurs côtés, chargé d'une outre d'eau fraiche. Un peu plus loin, Lysabel et Axel se livraient à un féroce duel à l'aide d'épées de bois. Surielle adorait sa famille, même si elle regrettait de ne pas voir ses cousines aussi souvent qu'elle l'aurait souhaité.

Un nuage masqua le soleil ; l'horizon s'obscurcit. Surielle fronça les sourcils. Le temps était changeant sur Massilia, à ce point-là ce n'était pas normal.

Souviens-toi, Surielle.

D'où venait cette voix ? Elle avait la curieuse sensation que ce n'était pas la première fois qu'elle s'adressait à elle, et pourtant, elle n'arrivait pas à se souvenir. Se souvenir de quoi, d'ailleurs ?

Une main se posa sur son épaule et Surielle fit volte-face, croisa le regard soucieux de son père.

— Ne restons pas là.

Lysabel et Axel étaient déjà auprès de leur mère, toute joie ayant déserté leur visage. L'inquiétude les avait tous gagnés.

Le rugissement qui résonna pétrifia Surielle. Les nuages noirs s'étaient amoncelés, zébrés d'éclairs, s'enroulaient autour d'une forme sombre indéfinissable. Surielle plissa les yeux. Une tempête ? Une tornade ? La chose paraissait... vivante.

— Restez là, les enfants.

Avec un temps de retard, Surielle réalisa que leur père avait tiré sa lame, le regard déjà braqué sur la menace à abattre. Leur mère s'était placée à son côté, mais ce n'était pas ce qui dérangeait le plus Surielle.

Souviens-toi, Surielle.

La voix, encore. Ce n'était pas celle de ses parents, elle en était persuadée. De quoi devait-elle se souvenir ? Elle connaissait les lieux, elle était avec sa famille... Surielle sursauta. Son père, épée à la main ? Impossible. Elle connaissait les histoires sur sa jeunesse, mais son père appartenait aux Veilleurs avant même qu'elle ne vienne au monde. Jamais elle ne l'avait vu combattre autrement qu'à mains nues.

Même chose pour leur mère. Surielle la savait profondément pacifiste, savait qu'elle avait été au cœur des évènements liés au Traité de Paix entre l'Empire des Neuf Mondes et la Fédération des Douze Royaumes. Alors pourquoi se montrait-elle agressive ?

L'énorme masse tourbillonnante se rapprochait d'eux, menaçante, et déjà les rafales de vent agitaient leurs ailes. Surielle savait qu'elle aurait dû se sentir terrorisée, ou paniquée. Elle ne ressentait qu'un grand calme.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now