Chapitre 8 (3/3)

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–Mon père va me tuer, marmonna Surielle à ses côtés.

Elle semblait tout aussi inquiète que lui, même si pas pour les mêmes raisons.

Alistair remarqua alors le sang qui maculait la main de son ami, avisa la déchirure sur son ventre. Il pâlit.

Avec précaution, il aida Rayad à s'asseoir. Le rouge profond de ses yeux s'éclaircissait à vue d'œil.

–C'est mauvais, hein ?

Livide, Alistair ne pouvait qu'acquiescer. C'était un cauchemar. Ils étaient à des heures de la capitale, et leurs compétences en premiers soins ne feraient que retarder l'inévitable.

Près de lui, Surielle crispa les poings. Impossible ! Rayad avait été envoyé sur le sol de la Fédération pour être sauvé, pas pour y mourir ! N'y avait-il aucune solution ? Il avait besoin d'un guérisseur d'urgence. Eraïm, n'y avait-il rien à faire ?

Le monde bascula.

Surielle cligna des yeux, interloquée. Elle était seule.

La forêt avait laissé place à un décor immaculé, cotonneux. De la main, elle testa le sol – si on pouvait l'appeler ainsi – aussi impalpable que de la ouate. Des arbres formés de la même substance se dressaient autour d'elle.

Quel était ce délire ?

Les collines, les arbustes, le sol, le ciel : tout était fait de la même substance, douce, moelleuse, totalement incongrue.

Surielle se retourna. Ses amis n'étaient nulle part en vue. Où était-elle ?

Enfin, elle aperçut quelqu'un. À quelques mètres, un homme vêtu d'une longue toge plissée, d'un vert foncé. Les cheveux longs, retenus par un bandeau de cuir tressé, une palette de couleurs dans une main, un pinceau dans l'autre.

–Qui êtes-vous ? demanda prudemment Surielle.

L'homme se tourna vers elle, et son air pensif s'évanouit. La jeune femme remarqua immédiatement les yeux violets. Eraïm, dans quel pétrin s'était-elle fourrée ?

–Tu n'as rien à craindre, Surielle.

Et comment connaissait-il son nom ?

–Je suis Eraïm. Bienvenue dans mon domaine.

Surielle cligna des yeux, plusieurs fois, parfaitement consciente de sa bouche béante comme une carpe hors de l'eau.

–Comment suis-je arrivée ici ? parvint-elle enfin à articuler.

–Ne m'as-tu pas demandé de faire quelque chose ?

Oh. C'était totalement irréel.

–Vous êtes en train de me dire, commença-t-elle lentement, cherchant ses mots, que j'ai personnellement créé cette situation ?

Le Dieu acquiesça.

–Chaque fois que tu prononces mon nom, tu es en contact avec moi. Quand tu le fais sans y réfléchir, tu ne parviens pas jusque-là. Cette fois, tu y as mis tout ton cœur.

Surielle ouvrit des yeux ronds.

–Tout le monde peut faire ça ?

Eraïm éclata de rire.

–Je m'en préserve ! Non. J'ai choisi de me retirer de la vie des hommes, comme tu le sais. Les phénix sont mes seuls intermédiaires. Les phénix, et toi, qui possède les mêmes ailes.

Tant de révélations et de stupeur envahissait Surielle qu'elle ne parvenait plus à réfléchir. Avec effort elle se concentra, remisa ces informations dans un coin de son esprit. Il y avait plus urgent.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now