Chapitre 24

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Le matin, Surielle retrouva ses amis à la cafétéria pour le petit-déjeuner. Rayad l'invita à s'asseoir près de lui et elle accepta aussitôt, sous le regard songeur d'Alistair. Trouvait-il étrange que son ami se montre trop proche avec elle ?

Être si près de lui et ne pouvoir le toucher était une véritable torture après la nuit qu'ils avaient partagée. Avec effort Surielle se concentra sur les gâteaux secs et la boisson sucrée qu'on lui avait apportée. Au moins, quand elle était auprès de Rayad, elle oubliait un instant qu'elle se trouvait sous terre, avec un éclairage artificiel. Trois jours sans voler, déjà.

— Voudras-tu m'accompagner à l'extérieur, Surielle ? demanda Alistair.

Surielle sursauta, considéra son cousin. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il se montre si prévenant. Qu'est-ce qui l'avait trahie ?

— Tes ailes s'agitent, sourit-il comme s'il avait deviné ses pensées. Tu brûles de voler. Alors ?

— Ton offre tombe à pic, admit Surielle.

— N'est-ce pas trop dangereux ? s'inquiéta Rayad.

Alistair haussa les épaules.

— Les combats sont plus rares, et nous avons connu pire.

— C'est vraiment très gentil, Alistair. Merci.

— Soyez prudents, tout de même, leur lança Shaniel. Je compte sur toi, Surielle, pour faire entendre raison à cette tête de mule !

Alistair se renfrogna et Surielle éclata de rire.

Les deux ailés rejoignirent les couloirs, et Alistair l'accompagna jusqu'à une impasse. Quelques barreaux fixés dans le mur permettaient d'accéder à une trappe dans le plafond. Surielle s'empressa de le suivre. Cette petite salle sécurisée abritait l'un des ascenseurs qui conduisait à l'extérieur. Deux Maagoïs montaient la garde et saluèrent aussitôt Alistair, s'inclinant à l'horizontale.

— Des soucis à signaler, Mahé ?

— Rien de plus qu'à l'ordinaire, lieutenant. L'escouade personnelle du Commandeur est partie au nord vérifier le dernier vaisseau Stolister qui s'est écrasé. A priori il n'y a pas de survivants, et s'il y en a... ils ne le resteront pas longtemps.

— Très bien. Nous irons au sud, alors. Autant ne prendre aucun risque.

— Désirez-vous une escorte, lieutenant ?

— Inutile, nous ne serons pas absents longtemps. Je préviendrai en cas de problème, termina Alistair en tapotant son communicateur.

Le soldat s'inclina brièvement, et Surielle suivit son cousin dans l'étroite cabine. Lorsque les portes automatisées se refermèrent, Surielle ne put s'empêcher de déglutir nerveusement. Bientôt, la cabine vibra légèrement et ils s'élevèrent. Le trajet lui parut interminable ; elle avait hâte de quitter ce lieu clos.

Enfin, l'ascenseur s'immobilisa. Une dernière vérification, une dernière trappe... Surielle grimpa les barreaux derrière Alistair avec avidité.

Le vent vif qui lui piqua les yeux était une vraie bouffée d'air. Elle inspira avec bonheur, ravie de sentir de nouveau le vent sur ses plumes. L'envie de voler la démangeait.

Un tremblement lointain lui fit reprendre conscience de son environnement. Il y avait encore des combats, dans les cieux d'Iwar.

Son cousin s'était assombri, le regard fixé sur l'horizon, comme s'il pouvait voir les vaisseaux qui s'opposaient aux gigantesques dragons.

— Doit-on refermer ? demanda Surielle.

— Ce serait mieux, oui. Jusqu'ici, ils n'ont pas réussi à faire débarquer des hommes, mais... nous ne serons jamais trop prudents.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant