Chapitre 17 (1/4)

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Alistair ouvrit les yeux, gémit en portant les mains à ses tempes. Quel mal de crâne ! Il ne se souvenait pourtant pas avoir bu d'alcool au repas.

–Ah, tu es enfin réveillé.

Il se redressa d'un bloc, pris de vertiges.

Assise dans un large fauteuil près de la fenêtre, Dame Elycia brodait. Son regard clair se posa sur lui et elle sourit.

–Tu as l'air d'aller mieux.

–Où sont Rayad et Shaniel ? questionna Alistair, tendu.

Pourquoi l'épouse du Djicam se tenait tranquillement là, seule, dans sa chambre ?

–De sortie, avec Surielle et Elésyne.

–Pourquoi ne m'ont-ils pas réveillé ?

Surprise, elle inclina la tête sur le côté.

–Tu ne te souviens vraiment de rien ?

–Je devrais ? répondit-il, sur la défensive.

Orssanc le brûle, où étaient ses armes ? Et pourquoi était-il en sous-vêtements ?

–L'une de tes blessures était empoisonnée, Alistair, dit Elycia gravement. Nous nous sommes beaucoup inquiétés pour toi.

–Pour moi ou pour votre réputation ? contra-t-il.

Elle se leva, posa son ouvrage.

–Pourquoi te braques-tu ainsi ?

Alistair fuit son regard lumineux, crispa ses poings sur les draps blancs.

–Pourquoi êtes-vous si gentille avec moi ?

Elycia parut chagrinée.

–Tu es de la famille, quoi qu'en pense Aioros. Tu ne mérites pas de subir la réputation de ton père. Tu ne le sais peut-être pas, mais le mariage entre Aioris et moi a été tardif, longtemps considéré comme inenvisageable à cause des différends entre nos deux familles. J'appartenais au Clan des Montagnes du Sud, le dernier à résister à l'autorité de la Seycam. Le changement viendra, un jour. Je t'ai observé, hier soir. J'ai vu la tristesse et la nostalgie devant le spectacle de mes filles. Veux-tu en parler ?

Longtemps, Alistair resta silencieux. Mais Elycia était un trésor de patience. C'était nécessaire lorsqu'on gérait les affaires de la Seycam, lorsqu'on était la mère de douze enfants et d'un treizième en devenir.

–Il y a six ans, commença-t-il doucement, nous avons essuyé une terrible attaque. Six de mes frères sont morts, ce jour-là. J'en ai réchappé de justesse. Seuls les deux plus jeunes, qui avaient deux et quatre ans à l'époque, ont pu être protégés par ma mère.

–Quelle terrible épreuve...

–Mon père était furieux, ma mère en proie au désespoir. Plusieurs assaillants étaient morts, d'autres seulement blessés, d'autres encore avaient réussi à fuir. Nous avons interrogé les survivants, qui ont vite regretté de l'être. La position de mon père à la cour a toujours engendré les jalousies, mais monter une attaque de cette envergure... nous avons obtenu des noms. Entretemps, l'affaire était remontée aux oreilles de l'Empereur Dvorking, Orssanc garde son âme. Le commanditaire était trop haut placé pour qu'il nous offre sa tête. Mon père n'a pas apprécié, mais à sa demande, il a juré de ne pas chercher à se venger. Sous les yeux du Seigneur Loïc de Meren, c'était une terrible humiliation.

–Et une faute de l'empereur d'avoir exigé un tel serment.

Alistair acquiesça.

–Le Seigneur Loïc savait que nous étions incapables de mentir, il pensait qu'une telle promesse le protégerait. Il avait tort. Le soir même, mon père est venu me trouver. J'étais blessé, alors, nous avons attendu. Leur mort me hantait. Quand je fermais les yeux, j'entendais leurs cris, je revoyais leurs corps sans vie. Dès que j'ai été remis, alors que tous s'imaginaient que nous avions ravalé notre fierté, je me suis rendu chez lui.

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