Chapitre 42 (1/2)

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Druus, Premier Monde, capitale Draakam.

Desmine était inquiet. Jusque-là, ils n'avaient croisé personne. Pas un garde, pas un domestique. Que Varyl soit sûr de lui était une chose, qu'il se croit invincible une autre. A ses côtés, il devinait que Prielle partageait son inquiétude. Quelque chose clochait.

— Est-ce normal, que le Palais soit désert ? demanda Nirail.

Desmine s'arrêta, vérifia que les alentours étaient sûrs. Le couloir était assez large pour qu'ils avancent à trois de front, et rien ne paraissait avoir changé. Les tentures rouges étaient impeccables, les oeuvres d'art toujours précieusement nichées dans leurs alcôves. Seule une faible odeur de brûlé, par endroits, rappelait que le Palais avait été la proie des flammes.

— Non, ce n'est pas normal, répondit Desmine.

— Alors c'est un piège.

— Il y a de fortes chances.

Sur la poitrine de l'Émissaire, la bestiole s'agita soudain. Nirail la caressa, sourcils froncés et Desmine se demanda si elle avait perçu quelque chose.

— Timis est troublé, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi. L'odeur de brûlé est trop faible pour qu'un incendie soit en cours, et comme ça ne semble pas vous inquiéter...

— L'incendie a eu lieu il y a plus de quinze jours, maintenant. Lors de la prise de pouvoir de Varyl, répondit Prielle. Toute la journée, on a pu voir les flammes depuis n'importe quel coin de la capitale. Et ce panache de fumée !

— Vos constructions sont impressionnantes, alors, dit Nirail. Les murs sont intacts !

Et Desmine comprit alors ce qui clochait.

— Ce n'est pas possible dit-il en formulant ses doutes à voix haute. Plusieurs toits se sont effondrés, d'après ce que m'a dit le Commandeur. Le Palais devrait être un champ de ruines.

Le Maagoï ne put empêcher un frisson de parcourir son échine. Il avait enfin mis le doigt sur ce qui le chiffonnait depuis leur entrée en ces lieux.

— Seule une intervention... divine, a pu permettre un tel miracle, poursuivit-il.

— Orssanc nous protège, murmura Prielle. Si cet Orhim est ici, nous allons tous mourir.

Les Maagoïs s'agitèrent, mal à l'aise, et pour une fois, Desmine peinait à trouver les mots pour raffermir leur détermination. Ils avaient l'habitude de faire face à des ennemis supérieurs en nombre, d'engager des combats où tout semblait perdu d'avance, savaient que dans bon nombre de leurs missions, tous ne reviendraient pas... mais un dieu... c'était au-delà de tout ce qu'ils pouvaient imaginer.

— Quelqu'un vient, dit Nirail.

Leurs réflexes reprirent le dessus ; ils se mirent en formation, boucliers défensifs levés pour la première ligne. Bientôt, des pas se firent entendre. Desmine fronça les sourcils. Au bruit, il s'agissait de deux personnes, à la fois hésitantes et assurées dans leur démarche. Suffisamment étrange pour qu'il se méfie. Leur groupe était trop important pour passer inaperçu ; les indésirables devraient être neutralisés avant de donner l'alerte.

Quand les intrus furent visibles, ils se figèrent.

— Lieutenant Alistair ?

— Desmine ? Je croyais...

Alistair s'interrompit, se plia dans un salut formel.

— Je ne m'attendais pas à vous trouver ici, sous-Commandeur.

— Que fais-tu là ? Qui est ton compagnon ?

Alistair s'éclaircit la gorge.

— Il s'agit d'Edénar, le protégé d'Orssanc. Nous sommes venus pour Varyl.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now