Chapitre 23 (2/2)

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Rayad soupira. Heureusement que sa soeur ne se montrait pas toujours si têtue. Puis il réalisa qu'il se retrouvait seul avec Surielle, toujours vêtue de cette robe qui lui faisait tourner la tête. Il s'éclaircit la gorge.

— Veux-tu que... nous pourrions...

— Je te suis, sourit Surielle.

Ils parcoururent les couloirs en silence ; à cette heure, les lieux étaient déserts. Ils se tenaient simplement par le bras, une marque de courtoisie pour un oeil inquisiteur, rien de plus, et Surielle profitait de ce simple contact. Un apaisement autant qu'une frustration. Avait-elle raison de poursuivre sur cette voie ? Une nouvelle fois, le doute s'immisça dans ses pensées. Rayad était certes gentil, elle adorait leurs conversations... mais il était le futur Empereur, avec des responsabilités bien supérieures aux siennes. Surtout, un univers différent du sien.

Elle s'était laissé porter par son coeur, à son habitude, et une fois encore, elle irait droit dans le mur.

Pourquoi refaisait-elle les mêmes erreurs, encore et encore ?

— Ça ne va pas ?

La voix de Rayad était pleine de douceur ; Surielle réalisa avec retard qu'ils s'étaient arrêtés et que Rayad était inquiet. Inquiet pour elle ou pour sa réputation ?

Un frisson lui échappa et elle s'écarta. Cette fois, son air peiné ne lui échappa pas et les larmes montèrent à ses paupières. Par Eraïm, pourquoi n'avait-elle pas droit d'être heureuse ?

Surielle ne perçut que vaguement le sifflement de la porte qui s'ouvrait, ne réagit pas lorsque Rayad la guida à l'intérieur.

Décontenancé, Rayad fourragea dans ses cheveux, avant de tendre une main vers elle avec hésitation. Du bout des doigts, il effleura ses joues humides. Qu'elle apparaisse si triste lui broyait le coeur.

— Quelqu'un t'a ennuyée ?

Surielle s'efforça d'essuyer ses larmes tout en hochant négativement la tête.

— Je... je ne veux pas te causer de problèmes. Il faut... je dois...

Rayad l'attira contre lui, l'enserra de ses bras. Il perçut la distance qu'elle tentait de mettre entre eux, sa posture rigide. Une vague d'angoisse le submergea. Avait-elle déjà changé d'avis sur leur relation ? Il s'aventura à caresser doucement son dos, effleurant les plumes au ras de sa robe, sans trop savoir s'il cherchait à l'apaiser ou s'apaiser lui-même. Il ne sut dire combien de temps passa, mais il finit par la sentir se détendre. Elle nicha la tête contre son épaule, s'accrocha à lui comme si sa vie en dépendait.

Rayad savoura leur étreinte, réalisa qu'une tension invisible l'avait déserté, s'autorisa un soupir. Surielle releva la tête. Quelles pensées gardait-elle, derrière ses yeux bleu-acier ? Parfois, Rayad aurait aimé pouvoir lire dans les esprits, pour ne plus hésiter entre hypothèse ou certitude.

— Avons-nous un avenir ?

Rayad fronça les sourcils et pinça les lèvres.

— C'est ça qui te tracasse ?

— Ça ne devrait pas ? Rayad, je suis une citoyenne de la Fédération. Je n'appartiens pas à ton monde.

— Et ? s'agaça le jeune homme. Doit-on se focaliser sur nos différences ? N'est-ce que ça que tu vois, en moi ? Un impérial, un étranger ?

— Non ! protesta-t-elle. J'aime être avec toi.

— Alors quoi ?

— Alors je ne sais pas ! Ma raison et mon devoir me tirent dans une direction, mon coeur dans une autre.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now