Chapitre 8 (2/3)

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Rayad s'éveilla en sursaut, se redressa en position assise. Avait-il rêvé ces bruits de combats ?

–Ne bouge pas, murmura Alistair à ses côtés.

–Qu'est-ce qu'il se passe ?

–Trois Émissaires. Quinze brigands.

Rayad ne répondit pas, et Alistair n'ajouta rien. Il aurait préféré se tromper et son prince avait encore du mal à admettre ses erreurs.

Puis il aperçut les lames d'acier entre ses doigts.

–Prêtons-leur main forte.

–C'est de la folie d'intervenir, souffla Alistair. Ils se retourneront contre nous dès qu'ils discerneront la couleur de mes ailes.

–Nous sommes en paix, Alistair. Si je me fais connaitre, ils te laisseront tranquilles.

Son ami haussa un sourcil.

–Vraiment ? Je ne tiens pas à être victime d'un regrettable accident. Nous devrions nous abstenir.

–Je sais, lui répondit Rayad sur le même ton.

–Mais ?

–Mais j'en ai marre de fuir encore et toujours.

En bas, l'un des ailés trébucha. Les deux autres se portaient à son secours, mais ils étaient aux prises avec plusieurs adversaires. Ils n'y arriveraient pas, songea Alistair.

La dague de Rayad vola droit dans la poitrine de l'assaillant, où elle se ficha avec un bruit mat. Tous s'immobilisèrent tandis que l'homme, toujours surpris, tombait au sol, raide comme un piquet.

Sans qu'Alistair ne puisse le retenir, Rayad sauta en contrebas. Alistair jura avant de le rejoindre, lame au clair. Une lame qui ne reflétait aucun éclat, en cristal Kloris noir. Profitant de la sidération, il porta deux attaques et deux corps s'écroulèrent.

–Mais qui es-tu ? souffla l'ailé derrière lui.

–Si je te le disais, tu ne me croirais pas, marmonna Alistair.

Il remerciait l'obscurité qui grisait toutes les couleurs.

Rayad à ses côtés, il avait déjà bondi plus loin. Les deux hommes combattaient ensemble depuis l'enfance ; ils se complétaient parfaitement.

Du deux contre un. Ce serait un jeu d'enfant.

Sans vérifier si les Massiliens se joignaient à eux, Alistair attaqua. Très vite, la panique gagna leurs adversaires. Alistair comprit que la vue des yeux rougeoyants de Rayad en était la cause. Avec sa peau sombre, dans la nuit, on ne voyait qu'eux. Les étoiles à la lame effilées qui sifflaient dans la nuit, quasi invisibles, rajoutaient à son aura surnaturelle.

Alistair ne perdait pas de temps en vaines démonstration, allant à l'essentiel, efficace, comme son entrainement et son père lui avaient appris.

Bientôt, le seul bruit audible fut celui de leurs respirations hachées.

Il ne restait plus qu'eux, debout, et les Massiliens, toujours épée au clair. Méfiants.

Alistair préféra rengainer pour éviter tout malentendu et Rayad l'imita, avant de rabattre sa capuche pour masquer son regard. Les ailés s'étaient regroupés.

Un silence tendu s'installa. Rayad fronça les sourcils. Il savait Alistair chatouilleux avec son honneur ; auraient-ils dû s'abstenir d'intervenir ? Il n'arrivait pas à regretter son geste. Sa seule culpabilité était à propos de Shaniel, endormie seule dans l'arbre. Le fracas des combats ne l'avait apparemment pas réveillée, et il ne savait pas vraiment s'il devait s'en réjouir. Elle lui passerait un savon pour s'être mis en danger inutilement.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now