Chapitre 4

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Leurs parents partis, les jeunes gens se retrouvèrent seuls avec leurs invités. Il sembla à Surielle que la tension montait d'un cran. Ils étaient tous méfiants. Les impériaux étaient en terrain allié, mais les générations précédentes avaient été ennemies.

Un faux pas serait désastreux au niveau diplomatique et Surielle se rappela rapidement pourquoi elle avait refusé d'opter pour la même carrière que sa mère alors que le silence s'éternisait.

–Comment as-tu fait pour te mettre dans cet état ? demanda Axel en avisant les tâches de terre sur les vêtements de sa sœur. Ta sortie ? Ça s'est... bien passé ?

Peu désireuse d'aborder le sujet devant de parfaits inconnus, Surielle bafouilla.

–Oui. À peu près. Enfin... je n'y retournerai pas, je pense.

–Il y a un garçon ? s'invita Shaniel, les yeux brillants.

–Comment l'as-tu su ? questionna Surielle, suspicieuse.

–Il y a toujours un garçon, rétorqua Shaniel en haussant les épaules. À moins que tu ne préfères les filles ? Pour ma part, je n'ai pas encore tranché le sujet.

Rayad soupira.

–Shani, il faudrait que tu penses à autre chose qu'à tes histoires d'amour romantique...

–Orssanc, marmonna Shaniel, tu ne songes vraiment qu'à ton devoir. Profites de l'instant !

–C'est notre avenir qui se joue Shani ! Comment peux-tu être si...désinvolte ? Notre père est mort ! Nous ne savons même pas qui a pu survivre ! Nous ne savons rien !

–Je comprends que l'attente te frustre, tempéra Alistair en posant une main apaisante sur son bras. Mais nous ne pouvons plus rien y faire.

Rayad se renfrogna, conscient que son ami avait raison, se refusant pourtant à l'admettre.

–Tu es chez les Mecers ? demanda Alistair à Axel, espérant changer les pensées de Rayad.

Le Massilien portait l'uniforme noir typique des Envoyés.

–Oui ! sourit le jeune homme, ravi que la conversation s'oriente sur un terrain moins glissant. Enfin, je viens juste de passer le concours d'entrée.

–Félicitations, répondit poliment son cousin.

–Que fais-tu de ton côté ? questionna Surielle avec curiosité.

–Je suis lieutenant chez les Maagoïs.

–Tu suis les traces de ton père, lança Axel sans réfléchir.

–Comme toi, lui retourna Alistair.

–Comment est-ce, dans l'Empire ? Il y a beaucoup d'ailés ?

–Peu. Essentiellement des enfants d'anciens esclaves. Certains nous détestent parce que nous avons rejoint l'Empire. Et ils sont encore nombreux chez les nobles à en vouloir à mon père d'être un proche de l'Empereur Dvorking, Orssanc garde son âme. Tu as des ailes magnifiques, d'ailleurs. D'où te viennent-elles ?

–Magnifiques, vraiment ? Elles viendraient des phénix, d'après mes parents. Je les déteste.

–Pourquoi ?

Les trois impériaux ne purent masquer leur surprise.

–Tu le sauras si tu quittes le Palais, répondit Surielle avec amertume. Je n'ai pas ton écarlate, mais de loin il s'en rapproche. Ton père... n'est pas très aimé, ici. Pour les Massiliens, il reste un traitre.

Alistair resta silencieux un moment. Mettre les pieds ici, à Valyar, au cœur des douze Royaumes... il ne s'était pas attendu à un air si pur, loin de la pollution des cités impériales. Il avait comme l'étrange sensation d'être enfin rentré chez lui. Pouvait-on ressentir l'exil alors qu'on ne l'avait pas vécu ? Était-ce que qui expliquait les accès de mélancolie de son père ?

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant