Chapitre 34 (1/2)

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De guerre lasse, la Souveraine Satia se laissa aller contre son dossier. Une nouvelle fois, les discussions s'emballaient sur des points de détail alors qu'il y avait bien plus important à ses yeux.

À son habitude, Lucas était debout près d'elle. Il n'intervenait pas durant les débats, mais sa seule présence l'apaisait. Cette fois, il alla jusqu'à poser une main sur son épaule.

— Cela ne te ressemble pas, souffla-t-il pour ses seules oreilles.

Mais l'Assemblée était sur les dents, prête à demander des comptes à leur allié impérial sur les incursions Stolisters sur leur territoire. Le Djicam Aioros avait été le premier à en faire les frais, et d'autres Royaumes, notamment Aquiléa et Déoris, avaient signalé des étrangers suspects sur leur sol. Pour le moment, les soldats de la Fédération les avaient repoussés sans subir de pertes, mais la situation ne pouvait perdurer ainsi.

Plus inquiétant, Satia n'avait aucune nouvelle récente de sa fille, ni des héritiers impériaux. Lucas pouvait bien tenter de la rassurer, elle le savait soucieux également.

Ils étaient en vie, rappela Séliak. Aioros t'as déjà dit tout ce qu'il savait.

Satia était bien d'accord avec son phénix, mais le temps passait et rien d'autre ne lui parvenait.

Savoir Surielle au cœur de la tourmente l'empêchait de retrouver son calme. Elle sentit Lucas se tendre, releva les yeux. Une faille miroitait en plein milieu de la salle, se déchira dans un éclair de lumière.

Les Stolisters avaient-ils osé pénétrer le coeur même de la Fédération des Douze Royaumes ?

Satia bondit sur ses pieds, une flamme dans sa main droite, prête à se battre. Lame en main, Elésyne s'était perchée sur la courte barrière qui séparait les loges des représentants de chaque Royaume, tandis que le Djicam Altaïr avait encoché une flèche.

Puis une dizaine de phénix se matérialisèrent dans l'enceinte ; certains se perchèrent sur les bras et les épaules de leur étrange visiteur.

Satia fit disparaitre sa flamme avant de s'asseoir, abasourdie.

La silhouette lui sourit.

— Je sais que j'ai été absent quelques siècles, mais j'avoue que je m'attendais à un autre accueil.

— Eraïm en personne, murmura la Djicam de Mayar avec respect.

Et tous les Djicams et leurs attenants plongèrent dans un profond salut.

— Que nous vaut l'honneur de votre présence ? s'enquit Satia avec une pointe d'inquiétude.

— Concise et directe, répondit Eraïm en s'approchant. La digne descendante de Félénor. Vos alliés impériaux font face à une menace inédite. Ils auraient bien besoin d'aide. La leur accorderez-vous ?

Satia balaya les Djicams du regard ; tous acquiescèrent, conscient que la demande de leur Dieu ne pouvait être ignorée.

— Bien sûr.

— Alors rassemblez vos troupes. Je vais vous ouvrir un portail.

Satia se leva, consulta son époux et prit sa décision.

— J'y vais. Jodörm, tu diriges en mon absence. Lucas, je te laisse la défense.

Le Durckma pâlit mais hocha la tête, Lucas se contenta d'un sourire. Aioros se leva à son tour.

— Je vous accompagne. Elésyne, rassemble ton escouade.

Grâce au lien qui unissait les Compagnons des Mecers, deux douzaines d'Emissaires accompagnés de plusieurs Messagers entrèrent bientôt dans le bâtiment. Après une brève conversation avec leur Djicam, ils s'élancèrent au travers du portail. Aioros donna ses consignes à sa deuxième fille Sidonie ainsi qu'au Messager Mithial qui l'épaulerait, et s'engagea à son tour.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant