Chapitre 14 (2/2)

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Le silence du début de repas fut bientôt brisé par le joyeux brouhaha des conversations enfantines. Les jeunes gens parlèrent peu durant le repas. Leur premier accueil avait été plutôt froid, les conduisant dans une certaine retenue. Le Djicam Aioros n'avait pas éclairci sa position. Serait-il un allié, ou un ennemi ? Après tout, ils n'étaient que les invités de sa fille, nullement les siens. Une fois de plus, Rayad prit conscience que la paix était fragile entre leurs deux nations. Shaniel et lui ne risquaient normalement rien, vu leur statut, par contre le cas d'Alistair était plus complexe. Certes, il n'était pas tenu à la même interdiction que son père, mais sa présence sur le sol massilien pouvait être considérée comme une provocation. Et l'attaque qu'ils avaient subi dans la forêt n'était pas pour rassurer Rayad. Ce Clan du Ciel leur avait été hostile, et Lapiz, leur destination, se trouvait sur leur territoire. La protection de la Seycam serait clairement un atout.

Sauf que protéger leur groupe signifiait protéger Alistair ; Rayad retint un soupir. La situation était inextricable.

Aioros se contenta de demander des nouvelles à Surielle. La jeune fille n'ignorait pas que ce n'était qu'une façon polie de ne pas aborder des sujets plus compliqués : ses parents étaient liés à des phénix et ils étaient parfaitement capables de tenir Aioros informé via le Wild. D'ailleurs, elle n'avait pas encore aperçu Saeros, le Compagnon du Djicam. Le faucon nain était rarement loin de son oncle.

–Vous avez une belle et grande famille, dit Shaniel.

–Il est traditionnel pour notre peuple de concevoir un grand nombre d'enfant, répondit Aioros.

Avec l'arrivée du dessert, les plus jeunes avaient quitté la table, s'éparpillant dans la pièce, jouant avec des poupées de tissus et des épées de bois. Elycia avait accordé aux plus grandes de prendre congé et s'était installée près de Surielle.

–J'en ai compté douze, poursuivit Shaniel. C'est impressionnant.

–Bientôt treize, confirma Elycia en caressant son ventre.

Shaniel écarquilla les yeux.

–Mais vous êtes en compétition avec Dame Esbeth d'Iwar, ou bien ?

Rayad soupira, passa une main sur son visage. C'était bien le genre de Shaniel de mettre les pieds dans le plat. Avait-elle agi avec étourderie, ou avec calcul ? Parfois, même lui était incapable de le savoir. Alistair s'était figé, couverts suspendus dans les airs.

–Shani... fit le prince.

Parler de la famille d'Alistair n'était peut-être pas vraiment approprié.

— Dame Esbeth, reprit Elycia. Il s'agit de ta mère, n'est-ce pas ? Je ne vois pas pourquoi il y aurait une... compétition ?

Cette fois, Shaniel préféra se taire et c'est Rayad qui répondit.

–Dame Esbeth attend également son treizième enfant, révéla-t-il.

–Oh. Quelle étrange coïncidence !

La tension s'évanouit aussitôt.

–Une fille ou un garçon ? Il me semble que votre technologie vous permet de le savoir avant la naissance, n'est-ce pas ?

–Elle a refusé de savoir, répondit prudemment Alistair. Elle s'accroche à son dernier espoir de mettre au monde une petite fille.

Ils s'étaient tous tendus de nouveau, s'alarma Rayad. Qu'est-ce qui lui avait échappé ?

Elésyne éclata de rire.

–Alors comme ça, tu n'as que des frères, et je n'ai que des sœurs ?

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant