Chapitre 45 (2/2)

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Cette fois, impossible de reculer. Alistair prit une dernière inspiration, sauta à bas de Zéphyr, tapota sa tête pour se donner du courage.

La Cité d'Argent méritait amplement son titre de capitale de Massilia. Depuis les airs, la ville apparaissait gigantesque, assemblage complexe de bâtiments perchés à flancs de falaise. Elle occupait tout le creux de l'étroite vallée, entourée d'une vaste forêt de conifères. Par chance, la demeure du Djicam se trouvait à l'écart des faubourgs les plus fréquentés, presqu'en dehors des limites de la ville.

Comme si en se développant, les maisons s'étaient déployées pour rejoindre la Seycam isolée.

Plusieurs soldats patrouillaient sur le toit ; des Mecers s'il en croyait leur uniforme, et qui l'avaient déjà remarqué.

Alistair s'efforça d'ignorer l'angoisse qui lui nouait la gorge. Il n'était pas un ennemi, mais un accident était si vite arrivé...

Par précaution, il avait préféré se poser à plusieurs mètres de l'entrée, leur laissant le champ libre pour l'analyser. Apparemment, il n'avait pas été jugé menaçant.

Alistair ne savait pas trop s'il devait en être déçu ou flatté.

Peut-être que la présence de Taka n'y est-elle pas étrangère ? renifla Zéphyr.

Sans blague ?

Alistair se reconcentra, ajusta la cape qui couvrait ses épaules et ses ailes, vérifia que l'insigne impérial était bien visible sur la gauche de la poitrine. Une dernière caresse à Zéphyr et il s'avança d'un pas déterminé vers le garde de l'entrée.

Alistair s'immobilisa, se plia dans un salut formel et s'éclaircit la gorge.

— J'ai un message à délivrer au Djicam Aioros sey Garden, de la part de sa majesté l'Impératrice Shaniel, Orssanc lui prête sa force.

Le garde hésita un instant, appela l'un de ses confrères à l'intérieur.

— Je vais vous conduire, dit celui-ci après un bref salut. Qui dois-je annoncer ?

— Alistair d'Iwar, ambassadeur impérial.

Autant rappeler son statut pour éviter tout incident. Alistair doutait que les citoyens de la Fédération connaissent la signification de l'emblème épinglé sur sa poitrine et le souvenir de l'accrochage dans l'auberge était encore frais dans son esprit.

Le jeune impérial suivit le garde à l'intérieur de la demeure. Ce n'était pas la même que celle où ils avaient été accueillis au début de leur voyage, mais elle était bâtie sur le même modèle. Les rires qui s'élevaient de la cour centrale lui arrachèrent un sourire ; les préoccupations des enfants étaient bien loin de celles des adultes. Alistair se demanda si ses frères jouaient ainsi, eux aussi, maintenant qu'ils avaient pu regagner la maison. Quand il les avait quittés, il y avait encore beaucoup de travaux à faire.

Et Alistair savait que rien ne redeviendrait totalement comme avant. La perte de Rayad lui était encore trop difficile à accepter.

Mais ses paroles t'ont fait du bien.

Oui, reconnut Alistair. Ne t'inquiète pas, Zéphyr. J'ai besoin de temps.

Je le comprends.

Ils arrivèrent dans l'atrium. Si ses jeunes cousines couraient et bondissaient entre les massifs fleuris, le Djicam Aioros l'attendait, debout dans son uniforme blanc de Messager, les bras croisés, le cerceau d'argent de sa charge posé sur ses cheveux plus gris que noirs. A ses côtés, Elésyne affichait un grand sourire, et poussées par la curiosité, Sidonie et Anaé s'étaient jointes à leur père.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now