Chapitre 40 (1/2)

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Alistair cligna des yeux, reconnut le paysage ouateux qu'il avait appris à associer aux dieux. Il se redressa lentement (que faisait-il assis par terre ?), aperçut des éclairs dorés dans le lointain, dans un ciel d'un rouge sombre. Le domaine d'Orssanc ? Son sang ne fit qu'un tour.

— Je vous déteste ! cracha-t-il.

Un rire perlé lui répondit, et soudain la déesse fut là, tout près de lui. Malgré sa détermination initiale, Alistair recula d'un pas.

— Alors c'est comme ça que tu me remercies, jeune homme ?

Alistair croisa les bras.

— Vous m'avez tout pris, vous m'avez obligé à croire en vous ! Comment pourrais-je éprouver une quelconque gratitude envers vous alors que je vous hais de toute mon âme ?

— Sais-tu que ce sont ceux qui luttent le plus qui font les meilleurs servants ? susurra-t-elle à son oreille.

Alistair bondit, le coeur battant. Comment s'était-elle rapprochée autant de lui sans qu'il ne s'en aperçoive ? Pire, il devait lutter contre son aura écrasante... presqu'autant qu'Orhim. Les lèvres pincées, il refusa de céder.

— Alistair !

Bouche bée, Alistair fit volte-face. Edénar accourait vers lui. Edénar ? Impossible ! Edénar était mort ! Souriant, le jeune garçon passa une main dans ses cheveux, l'air gêné.

— Je suis content de te revoir, Alistair.

— Mais... tu es....

Edénar secoua la tête.

— Je suis vivant, Alistair.

— Mais l'épée a transpercé ton corps ! Je l'ai vu !

— Comme je te l'ai déjà répété, Alistair, je suis sous la protection d'Orssanc. Si la première fois le dieu n'avait pu m'atteindre, pourquoi en aurait-il été autrement cette fois ?

— Mais... j'ai vu ce que j'ai vu !

— C'était une illusion, Alistair, sourit Edénar.

Le jeune ailé soupira, se laissa tomber sur le sol moutonneux. Tout sourire évanoui, Edénar s'accroupit près de lui.

— Je ne voulais pas te faire de peine, Alistair. D'après Orssanc, c'était le meilleur moyen pour te motiver à agir.

Alistair eut un rire sec, puis foudroya la déesse du regard. Elle s'était retirée à quelques pas, leur laissant un semblant d'intimité. Une déesse, vraiment ? Son comportement était celui d'une gamine pourrie gâtée. Pire, d'une gamine boudeuse.

Comme si elle lisait dans ses pensées - et après tout, c'était peut-être le cas - elle lui tira la langue. Alistair se crispa. Il la détestait ! Furieux, il se reconcentra sur Edénar. Le jeune garçon n'y était pour rien, après tout, si Orssanc se montrait si détestable. Et il lui avait sauvé la vie. Alistair ne savait pas encore trop s'il devait lui être reconnaissant ou pas, mais il avait une dette d'honneur envers lui.

— Sais-tu comment nous pourrons revenir sur le sol impérial ? Je ne veux pas me terrer ici alors que les nôtres combattent.

Edénar lui sourit tristement.

— Je crains que tu ne doives le lui demander.

— Hors de question.

— Qu'est-ce qui est hors de question ?

Alistair sursauta, recula instinctivement.

— Vous voulez bien arrêter de faire ça ? maugréa-t-il.

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now