Chapitre 8 (1/2)

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Shaniel se rongeait les sangs. Sans montre, difficile de mesurer l'écoulement du temps. Ce monde était bien trop primitif. Et cette fameuse Barrière, cette magie des phénix qui les protégeait... l'avaient-ils seulement traversée, en franchissant la Porte ? Était-ce la raison pour laquelle son bracelet avait cessé de fonctionner ?

–Calme-toi, Shaniel. À marteler ainsi le parquet, tu vas finir par les réveiller.

–Il met trop de temps !

–Ce n'est pas à côté. Et il doit convaincre Grenat et Zéphyr. Ce ne sera pas simple.

–Ils le connaissent, se renfrogna Shaniel.

–Shani, soupira Rayad. La discrétion va rarement de pair avec la vitesse.

La jeune femme se tint tranquille quelques minutes, puis se pencha de nouveau à la fenêtre.

–C'est lui ! Je le vois !

Rayad leva les yeux au ciel. Elle était si surexcitée. Croyait-elle partir à l'aventure comme dans les histoires ? Elle allait avoir une sérieuse déconvenue.

–Ton sac est prêt ?

–Depuis longtemps. Le strict nécessaire, comme tu m'as demandé.

Rayad haussa un sourcil devant le bagage volumineux, mais s'abstint de tout commentaire. Quand il faudrait le porter, elle reverrait sa notion du mot « nécessaire ».

Alistair se glissa bientôt par la fenêtre entre-ouverte. Sur le balcon, les deux griffons prenaient tout l'espace. Grenat était le mariage d'un élanion avec une panthère des neiges ; un fin masque noir soulignait ses yeux rouges, son plumage était blanc, mis à part ses rémiges primaires noires. La deuxième moitié de son corps était couvert d'une fourrure dense, d'un gris pâle qui tirait sur le crème, avec de larges cercles noirs.

Zéphyr était le croisement d'un milan avec un lion ; son plumage était roux et noir, son pelage d'un ocre foncé.

Les deux animaux étaient massifs, avec leur tête de rapace, et leur arrière-train de félin ; leur taille approchait celle d'un petit cheval.

Shaniel se précipita sur Grenat, noua les bras autour de son cou.

–Tu m'as manqué, murmura-t-elle.

L'énorme bec claqua en réponse. Shaniel ajusta son sac en travers de ses épaules, caressa les douces plumes sur le dessus du crâne, et enfourcha sa monture.

–Alors, vous attendez quoi, le déluge ?

Alistair reprenait son souffle. Rayad s'inquiéta de ses traits tirés.

–Tu veux te reposer ?

–Un instant, j'ai cru... j'ai préféré prendre de la hauteur. Un peu trop. Donnez-moi quelques minutes et il n'y paraitra plus.

Rayad s'approcha de Zéphyr qui lissait ses plumes.

–J'espère que tu as bien profité de tes vacances, mon ami !

Le griffon balança sa lourde tête en réponse. Rayad était heureux de l'avoir apprivoisé ; les scientifiques du Huitième Monde s'en étaient donné à cœur joie sur leurs expérimentations une fois le traité de paix signé avec la Fédération. Plus besoin de créer des améliorations pour les guerriers ! Alors ils s'étaient tournés vers les hybrides, soit à la demande de familles fortunées, soit pour rectifier les troubles de l'écosystème.

Dvorking leur avait offert les griffons pour leurs quinze ans. Il avait fallu à Rayad et Shaniel presque un an pour se faire accepter sur leur dos. Rayad n'avait compris que bien plus tard la manœuvre de son père : leur apprendre l'humilité.

L'héritage des phénixDove le storie prendono vita. Scoprilo ora