Chapitre 35 (1/4)

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Lucas cligna des yeux, distingua les traits fatigués d'un Guérisseur Soctorisien, la voix inquiète de Sidonie.

— Mon oncle, ça va ?

Je suis désolé.

L'accablement d'Iskor. Il était en vie. Le soulagement l'envahit en même temps qu'une sourde colère.

Ne me refais plus jamais ça !

La fureur de Lucas embrasa leur lien.

Par Eraïm, tu as manqué me tuer !

Je sais, fut la réponse piteuse du phénix. J'ai cru que je pouvais réussir. Mon corps s'est désintégré.

Les phénix renaissaient de leurs cendres, de façon plus ou moins rapide, mais le laps de temps qu'Iskor avait passé « mort » avait manqué de rompre leur lien. Un lien si fort qu'il ne se brisait que dans la mort.

— Je suis vivant, dit Lucas en avisant l'air inquiet des proches autour de lui. Merci.

Il saisit la main de Jodörm pour se remettre sur pieds. Par Eraïm, comment allait-il tenir ? Il avait l'impression que son corps avait été broyé sous le poids d'une montagne, démantelé et reconstitué. Et pour avoir ainsi épuisé un Guérisseur Initié... Lucas frissonna. Cette fois, il avait eu de la chance d'en réchapper.

Je suis désolé, répéta Iskor, abattu. J'ai vraiment cru que j'y arriverai.

— Qu'est-ce qu'on fait contre... lui ? questionna Jodörm.

Le Veilleur réalisa que le dieu n'avait pas bougé. Une moue méprisante barrait son visage ; comme si les mortels en face de lui n'avaient aucune chance. Distraitement, Lucas se demanda combien de temps s'était écoulé. La douleur lui avait paru durer des heures, mais il savait d'expérience que le temps se distordait dans ces moments-là.

Quelques secondes. Peut-être une minute ?

Pour la première fois depuis qu'il avait prêté serment en devenant membre des Veilleurs, vingt ans plus tôt, Lucas regretta l'absence d'arme à sa ceinture. Cet adversaire-là ne se vaincrait pas par de simples paroles. Aucune de ses techniques ne pouvait s'appliquer à la puissance d'un dieu. Pourquoi Eraïm n'était pas resté les épauler ?

— Parce qu'Eraïm sait que nous pouvons le vaincre seuls, répondit la Djicam de Mayar. Il a confiance en son peuple.

Lucas réalisa qu'il avait formulé sa question à voix haute. Autour de lui, ils étaient tout aussi dubitatifs. Il n'y avait qu'à considérer l'aura écrasante qui entourait le dieu.

Une idée ?

Nous sommes trop éparpillés et épuisés pour t'aider, répondit Iskor, frustré.

Lucas puisa dans ses dernières ressources pour se relever. Il lui fallut un effort de volonté pour empêcher ses jambes de trembler.

— Je peux vous gagner un peu de temps, proposa-t-il.

— Nous ne pouvons lutter contre un dieu, protesta Jodörm.

— Très juste, susurra Orhim, et sa voix éclata comme le tonnerre au sein de l'Assemblée. Mais vous avez contrecarré mes plans. Vous avez libéré celui qui aurait dû être mien ! Par votre faute, je dois me contenter d'un corps d'emprunt, inadapté, faible. Vous allez donc mourir.

Une épée d'argent se matérialisa dans sa main.

Il était rapide, songea Lucas comme il s'attaquait aux soldats survivants de la garde du Phénix. Sidonie avait pâli, les mains crispées sur son épée. Altaïr décocha une volée de flèches ; d'un geste négligent le dieu les brisa en copeaux de bois.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant