Partie II - Chapitre 20 (1/2)

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Les quatre jeunes gens se matérialisèrent sur un plateau herbeux, dans une atmosphère presque étouffante comparée à la fraicheur de Massilia. De rares buissons côtoyaient la roche calcaire affleurante. Par endroits, le sol piétiné révélait une terre d'un ocre rouge. A vingt mètres environ, un arbre solitaire tordait ses branches d'un vert argenté, comme un repère dans cette végétation rase.

Surielle tituba avant de s'effondrer dans les bras de Rayad, inconsciente.

— Elle aura présumé de ses forces, encore une fois, marmonna Rayad.

Il n'aurait pas du être autant inquiet pour la jeune ailée, il le savait bien. Surielle s'était montrée plutôt hostile, à leur arrivée sur le sol de la Fédération, mais son attitude avait changé. Lors de l'attaque des Stolisters, il avait été impressionné par son courage. Et par le fait qu'elle n'avait pas eu l'air de se soucier d'être en tenue de nuit, une chemise qui n'avait rien caché de ses formes, alors qu'il avait du se concentrer sur leurs ennemis pour éviter que son imagination ne s'emballe. Orssanc le brûle, il aurait du refuser qu'elle les accompagne.

— Où sommes-nous ?

— Je cherche à me repérer, répondit Alistair.

Rien aux alentours ne lui paraissait familier. C'était bien sa veine. Le sol trembla et il jura. Les griffons s'agitèrent en réponse à l'inquiétude des humains. Shaniel entoura Grenat de ses bras, lui chuchota des mots réconfortants. Zéphyr s'approcha à son tour, quémandant des caresses. Alistair lui tapota distraitement la tête, un pli de contrariété barrant son front. S'ils étaient bien sur le continent de la Main comme prévu, les montagnes au loin formaient forcément la barrière de la Couleuvre. Mais ils semblaient bien loin de la forêt qui en marquait l'extrémité sud... Le sol trembla de nouveau, et Alistair se concentra sur le moment présent. Du coin de l'œil, il discerna une ombre.

— À terre, vite ! siffla-t-il.

Ils bondirent vers le couvert végétal tout proche, forcèrent les buissons de genévriers pour trouver un abri, jurèrent sous les griffures d'un feuillage qui n'avait pas semblé si épineux à première vue.

Shaniel frotta ses bras nus, constellés de traits rouges.

— Qu'as-tu vu, Alistair ?

— Un vaisseau s'est écrasé. Pas l'un des nôtres.

Rayad écarquilla les yeux.

— Je croyais que les Stolisters avaient détruit la plupart de notre flotte ? Que leurs vaisseaux étaient supérieurs aux nôtres ?

— Il faut croire que tes fidèles résistent encore.

Un troisième impact les secoua, plus près.

— Ou alors ils bombardent Iwar...

Alistair refusa d'y croire. Sa main se referma sur la poignée de son épée. Jamais il ne laisserait Iwar tomber aussi facilement qu'Iwar.

Une ombre les recouvrit un moment. Un très long moment. Ils levèrent les yeux, jurèrent.

— C'est quoi cette... chose ? demanda Rayad.

— Un dragon de pierre, murmura respectueusement Alistair. Je les croyais tous éteints.

— Un dragon de pierre ? répéta Shaniel, incrédule. Impossible !

— Sont-ils... amicaux ?

— Aucune idée.

Si le jeune ailé avait cru revenir en terrain connu au sein de sa patrie, il allait de surprise en surprise. Les Stolisters avaient-ils survécu au crash de leur vaisseau ? Alistair aurait préféré s'en assurer, mais il ne pouvait pas laisser ses compagnons en plan.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant