Chapitre 6 (2/2)

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Un souffle de vent lui fit lever les yeux, sur ses gardes. Rien dans le ciel, pourtant la bourrasque ne lui avait pas semblé naturelle. Surielle s'était arrêtée, réalisa Alistair en manquant de percuter Shaniel. Il posa aussitôt ses paquets, se figea. À quelques mètres devant eux, deux ailés leur bloquaient le passage. Un coup d'œil derrière lui apprit que toute retraite leur était coupée. Sa main se plaça aussitôt sur son arme, tandis qu'il guettait les ordres de son prince. Rayad s'était tendu, comme Shaniel.

–Que me veux-tu, Aaron ? lança Surielle.

–Tu nous évites, rétorqua celui-ci. Pire, tu traines avec des terrestres.

Surielle fronça les sourcils.

–Je suis occupée. Laisse-nous passer.

–Sinon quoi ? susurra-t-il en se rapprochant d'elle.

Alistair avisa l'éclat de l'acier entre les doigts de Rayad, son air sombre.

–Ne t'interpose pas entre un ailé et son honneur, siffla-t-il pour ses seules oreilles.

–Alors pourquoi as-tu à moitié dégainé ? lui retourna Rayad sur le même ton.

Alistair ne répondit pas, préféra concentrer son attention sur la menace qui se profilait. Le combat lui paraissait inévitable.

Surielle refusait de céder face à Aaron ; elle croisa les bras, ses ailes s'entrouvrant légèrement en réponse à l'agressivité de son vis-à-vis.

–Laisse-nous passer, répéta-t-elle.

–Allons Suri, après tout ce que nous avons partagé, tu oses encore t'opposer à moi ? Tu sais ce qu'il va t'en coûter, n'est-ce pas ?

Surielle blêmit.

–Comment oses-tu, commença-t-elle.

Mais le jeune ailé révéla la plume écarlate entre ses doigts. Alistair étouffa un juron, crispa ses doigts sur la poignée de son arme. Il s'était pourtant montré prudent !

Surielle avisa alors l'autre ailé qui se tenait en retrait, à quelques pas de distance. Esmyr. Son air réprobateur lui porta un coup au cœur. Lui aussi, il se rangeait aux côtés d'Aaron ? Elle aurait dû le savoir. Elle aurait dû se méfier.

Et ce goût amer dans la bouche, cette douleur dans la poitrine, elle ne la connaissait que trop.

–Tu ne dis plus rien, Suri ? reprit Aaron. Depuis quand pactises-tu avec un traitre ?

Eraïm me vienne en aide, songea Surielle. Comment allait-elle se sortir de là ? Sans se battre, si possible ?

–Ce que je fais ne te regarde pas, Aaron. Tu te leurres si tu imagines dicter mes actes.

Avant que le Massilien ne puisse répliquer, un phénix apparut dans un éclair de lumière, suivi de plusieurs autres. Stupéfaits, les jeunes ailés reculèrent d'un pas comme les oiseaux de feu se posaient autour d'eux. Dans un réflexe, Surielle proposa son bras au plus proche, qui s'y percha avec délicatesse. Elle n'eut pas besoin de son clin d'œil pour reconnaitre Iskor, le Compagnon de son père. Elle le côtoyait depuis son enfance. Cela signifiait-il que son père était dans les parages ? Surielle résista à la tentation de lever les yeux.

Non, si son père était là, il se serait déjà montré.

Ou alors... il lui faisait confiance pour gérer au mieux la situation. Sa gorge se serra sous la pression, puis sa détermination s'affirma.

Elle lui prouverait qu'il avait eu raison de lui faire confiance.

Si Aaron avait été déstabilisé, il s'était vite repris après un regard aux alentours. Était-il soulagé, avait-il craint que son père soit présent ?

L'héritage des phénixWhere stories live. Discover now