21. Couverture de randonneurs

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Le jour J était arrivé. Nous avions passé les deux derniers jours à établir un plan puis un itinéraire. Notre but était d'atteindre le centre-ville, où il y avait énormément de personnes vivant dans le quartier ouvrier qui s'était transformé en ghetto où les sans-abris, les gangs de rue et les sans-papiers s'entassaient sans distinction. Tant qu'à vivre dans l'illégalité, autant vivre dans l'endroit rattaché. Nous comptions d'abord emprunter le sentier situé non loin de chez moi pour ensuite se rendre dans la forêt. Là, nous prendrions une piste cyclable qui zigzague entre les arbres et située suffisamment loin de la route pour que nous puissions faire un bon bout de chemin sans risquer de se faire intercepter par la gendarmerie nationale. Cependant, dès que nous poserions le pied hors de la forêt, il nous faudrait redoubler de vigilance. Comme nous estimions que nous étions tous deux recherchés, il était à craindre que même notre escapade en forêt soit surveillée du ciel. Par conséquent, il nous faudrait effectuer quelques détours. De plus, comme il faudra nous cacher pour nous reposer, manger et dormir, il nous fallut prévoir des cachettes, comme des restaurants, des parcs ou des ruelles peu fréquentées.

Nous partîmes donc en soirée (pour donner l'impression que nous partions en randonnée) pour nous enfoncer le plus rapidement possible dans la forêt – à partir de là, nous pourrons progresser de jour, pour garder notre couverture de randonneurs. Seulement, nous ne pouvions pas sortir ainsi, en particulier moi : avec ma peau foncée, mes yeux bleus et mes cheveux bruns ondulés jusqu'aux épaules, mon physique était on ne peut plus singulier. Je remontai donc mes cheveux en couette et les cachai sous une casquette, et je mis une grosse paire de lunettes de soleil noires. Derek, quant à lui, se rasa les cheveux et mit des vêtements et un chapeau ayant appartenu à mon oncle. Nous sortîmes donc ainsi, côte à côte, pour nous rendre dans la forêt par le sentier.

- Trouve un sujet de conversation, me demanda Derek.

- Pourquoi?

- Pour qu'on ait l'air plus proches qu'en ce moment.

- Très bien, euh... Ton tour du monde finalement, l'as-tu fait oui ou non?

C'estainsi que je sus que Derek ne l'avait jamais entrepris, ce tour du monde, parceque son compagnon de voyage était mort d'une surdose de drogue. Charmant.     

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now