37. Premier arrêt

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Il me fallut la course de Gina vers son arrêt d'autobus pour me rendre compte qu'il me faudrait bientôt trouver un endroit pour dormir, chose à laquelle je n'avais pas eu à m'inquiéter pendant quatre semaines. Même si je décidais de dormir la journée et de me cacher la nuit, il me faudrait quand même trouver un endroit où passer la soirée. Je fis un premier arrêt au vaste parc au beau milieu du centre-ville. Des dizaines de personnes s'y bousculaient quotidiennement pour une place dans la verdure, sous l'ombre d'un arbre. Heureusement pour moi, je me trouvai une grosse pierre comme fauteuil et personne ne se tenait tout près. Je pus donc à loisir compter mon argent, lire ma Bible et me faire un plan de survie dans ce quartier difficile.

D'abord, qui dit centre-ville dit grande population, et qui dit grande population dit gestion de cette population par des gendarmes. Conclusion : je ne pourrai plus m'exposer aussi souvent que je le fais présentement, surtout que je devais être recherchée pour de bon cette fois, notamment à cause de ma fugue du pensionnat – j'avais considéré l'option qu'ils pourraient croire que j'étais morte sous les décombres, mais il y avait de fortes chances qu'ils fassent des fouilles – et de ma brève apparition au casse-croûte situé à cinq minutes de marche de l'internat, où Gina avait crié haut et fort que j'étais une rebelle de l'Enlèvement. Ma première initiative fut d'enterrer cet uniforme de malheur, ce symbole de répression et de désespoir. Je l'enfouis sous la roche dans un trou creusé par ma main gauche, il me fallut donc plusieurs minutes pour parvenir à mes fins. Ma main droite faisait encore terriblement mal, d'autant plus que je n'avais personne pour me faire oublier ma douleur. Ma seconde initiative fut d'activer le cellulaire pour appeler le monsieur du dépanneur. Alors que je composais le numéro, je me rendis compte que son nom était inscrit sur le bout de papier, détail que je n'avais pas remarqué lors de mon premier appel. On décrocha à la première sonnerie.

- Et je parle à? répondit quelqu'un avec un accent français.

- Euh... êtes-vous Jacques?

- Non, toi t'es qui? La gamine qui a appelé il y a quatre semaines?

- Euh... je suppose oui, mais je ne suis pas une enfant, j'ai 16 ans, balbutiai-je, priant intérieurement pour que je sois tombée sur une personne coopérante. Puis-je parler à Jacques s'il vous plaît?

- Attendez, vous êtes déjà venu ici?

- Oui, avec mon... ami.

Axandria?C'est toi?    

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now