60. Je peux, tu peux, on peut, nous pouvons...

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- Que fais-tu?

Je cachai – trop tard – la feuille de papier sur laquelle j'écrivais.

- Euh... Rien d'important, bafouillai-je en tâchant de prendre une position adéquate.

- Allez, je ne t'ai pas caché mes dessins, moi! S'il te plaît, supplia Derek les deux mains jointes.

Derek ne tenait plus en place. Il essayait de m'arracher le texte des mains, sans succès.

- Bon, d'accord! J'écris... J'écris une chanson.

- Je peux?

Derek tendit la main. Je soupirai en lui lançant la page au visage.

- Vu le mal que je me suis donné pour l'obtenir, ça a intérêt à être bon, maugréa Derek en ramassant les feuilles.

Il s'assit tout de même à côté de moi pour lire attentivement.

- Parolière, ça ne t'a jamais effleuré l'esprit comme profession? remarqua-t-il après avoir fini sa lecture.

- Personne n'a lu mes paroles auparavant, alors on ne m'aurait jamais pris au sérieux, murmurai-je sans le regarder.

- N'importe qui de sensé aurait cru en toi s'il avait eu la chance de lire ça.

Je demeurai pensive un moment, question de digérer ses propos.

- Maintenant, j'aimerais bien que tu la joues au piano.

Bertrand avait déniché un piano électrique dans les poubelles de la rue voisine.

- Euh, ce n'est pas encore au point...

- Arrête, je suis certaine que les lettres dans la marge sont des touches de piano, devina Derek.

- Bien joué Sherlock. Redonne-moi ça! Mais quand je dis que ce n'est pas au point, je ne mens pas, m'expliquai-je m'installant sur le banc. J'ai conçu la chanson pour que ce soit un duo, alors je n'arrive pas à extérioriser tout ce que je veux dans ces lignes.

- Tu peux... ou plutôt on peut... la chanter ensemble, proposa Derek après un moment deréflexion. 

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now