122. Bizarres

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J'eus à peine le temps de m'endormir qu'il était déjà le matin.

- Debout, fainéante! Tu n'auras pas de nourriture si tu traînes de la patte!

Je finis par sortir du lit, les yeux lourds de fatigue. Je pris ma douche à l'eau froide, non pas pour me réveiller, mais parce qu'il n'y avait plus d'eau chaude.

- Tu n'avais qu'à te dépêcher! grogna Padopoulos en me pressant de descendre manger.

Dans la cafétéria, je pris mon plateau et repérai aussitôt Derek, assis à côté d'une fenêtre. Je me dirigeai d'un pas ferme dans sa direction, ignorant le regard réprobateur de Padopoulos.

- Coucou, glissai-je en prenant place à côté de lui.

Il sursauta.

- Ah, c'est toi! soupira-t-il en me reconnaissant. Tu ne trouves pas les gens bizarres aujourd'hui?

Sa remarque me fit froncer les sourcils. Je regarde autour de moi, croisant quelques regards curieux au passage.

- Bizarres, tu dis? Je n'en sais rien, pourquoi?

- Bah, c'est peut-être moi mais il me semble que les gens chuchotaient quand je suis arrivé.

- Je n'ai pas remarqué quand je suis descendue, j'étais en retard en plus.

Mon mari hocha les épaules, puis repoussa son plateau.

- C'est encore du gruau?

- Oui... tu n'aimes pas?

- Non, il est infect.

J'éclatai de rire. Les conversations s'arrêtèrent l'espace d'un moment, puis reprirent.

- Oh, je crois voir ce que tu veux dire, admis-je en prenant une gorgée d'eau.

Au même moment, tout le monde se tut. Je n'osais même plus prendre ma cuillère tellement le silence régnait dans la cafétéria (ce qui est un peu paradoxal, après tout cafétéria a toujours rimé avec bruit). Les gendarmes aussi étaient troublés, se consultant à voix basse, l'air de se demander à quoi rimait cette scène. Déjà Padopoulos me cherchait du regard. Soudain, une adolescente d'à peine treize ans se leva de son banc et se dirigea vers moi, un objet entre les doigts. Un stylo. Sans un mot, elle épousseta la manche de ma blouse et écrivit sur ma combinaison. Ne pouvant voir ce qu'elle faisait, je murmurai :

- Que me fais-tu?

- Psaume 121, répondit la fille avant de retourner à sa place.

Elle remit la plume à une autre fille à côté d'elle. Celle-ci se leva à son tour et effectua la même chose, sauf qu'elle chuchota « Psaume 23 » avant de remettre le crayon à une autre personne.

Personne ne pipa mot durant tout ce temps. Un à un, tous les enfants et adolescents de la salle vinrent m'écrire un passage des Écritures sur le bras ou simplement y tracer une ligne. Les gendarmes, quant à eux, s'agitaient dans tous les sens, attendant les ordres dans leurs oreillettes mais sans s'occuper de nous. J'osai un coup d'œil vers mon épaule. Ils y avaient dessiné un livre ouvert avec tous les passages de la Bible. 

Moins de dix chapitres avant la fin! Même moi je n'ai pas hâte :') mais toute bonne chose a une fin. Bref, n'hésitez pas à commenter, voter et à relire cette histoire si vous avez apprécié! 

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