58. MADM

52 8 0
                                    

La vie dans les ruines me plaisait beaucoup. J'étais aux anges, la communauté était géniale! Ma journée préférée était le dimanche : Tout le monde rejoignait la salle de spectacle pour le service d'adoration. Moi qui n'avais pas fréquenté l'église depuis longtemps, j'en avais pour mes frais. Il m'était difficile de me rappeler des noms de tous les adolescents mais, au bout d'un mois, tous les jeunes étaient en mesure de repérer quelqu'un d'absent, y compris moi.

Derek devint rapidement un leader de notre jeunesse. Il avait un charisme indéniable et son sens de l'humour retenait l'attention de tout le monde. Jacques était son mentor, cela allait de soi. Quant à moi, mes amis me convainquirent de me joindre à l'équipe de louange. Je montais sur la scène chaque semaine en compagnie de 5 autres personnes pour guider mes concitoyens dans les chants d'adoration, pour la plus grande joie de Derek, Jacques et Bertrand. D'ailleurs, nous habitions toujours au même endroit et je ne comptais pas déménager pour tout l'or du monde. Ma famille, comme nous nous appelions, semblait toujours en avoir été une. Ma relation avec Derek, surtout, était pour ainsi dire... profonde. Nous passions beaucoup de temps ensemble au dépanneur (Évidemment, il n'y avait pas d'école) et cela ne prit pas de temps que nous connaissions l'autre aussi bien que notre ombre. Jacques et Bertrand, jamais bien loin, n'étaient pas sans nous taquiner sur notre complicité, mais je jouais l'aveugle et Derek le sourd. Seule ombre au tableau : Ni moi ni Derek n'évoquions de près ou de loin le thème de l'amour. C'était la limite à ne pas dépasser, ce qui pourrait être la fin de notre amitié. Nous nous contentions d'être les meilleurs amis du monde. Toute la ville nous reconnaissait. J'étais intimidée par tant d'attention, moi qui étais solitaire de nature, mais Derek semblait s'en amuser.

Lapremière action que nous posâmes en équipe fut de se faire baptiser, à peineune semaine après notre arrivée. Le pasteur, sur notre suggestion, instaura uneclasse de baptême. Chaque jour, nous nous rendions dans le gymnase d'une écoleà moitié détruite pour suivre la classe. Une grande partie de la communautéprit la classe, comme ils étaient des convertis, comme nous,d'après-Enlèvement. Bertrand et Jacques, comme contre-exemple, étaient déjàchrétiens avant l'Enlèvement, seulement ils s'étaient fait baptiser sansvraiment comprendre ce qu'était le salut. D'où leur présence ici-bas. Bref,deux semaines plus tard, nous étions 2000 aspirants au baptême à la piscinemunicipale. 

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now