L'Enlèvement

61. Les paroles s'envolent, les écrits restent

- Encore debout?

Jacques venait de faire irruption dans mon salon dans lequel Derek et moi jouions toujours ma chanson.

- On travaille sur un morceau, on n'a pas vu le temps passer, s'expliqua Derek en souriant.

- Vous le présenterez à l'église?

Je regarde Derek, épouvantée.

- On n'a pas pensé...

- Je ne préfèrerais pas, l'interrompis-je sèchement.

Présenter une chanson avec lui? Perdre tous mes moyens devant 3500 personnes? Je passais mon tour.

- Bon, alors je vais vous laisser, rétorqua Jacques en remontant.

Derek me regarda.

- Tu m'en veux? lui demandai-je.

- Pas du tout. Tu n'as pas besoin de crier tes pensées à tout le monde dès que tu les couches sur papier. Je te comprends.

Sur ce, il se repencha sur les paroles.

- Par contre, le jour où tu auras suffisamment de recul pour vouloir la chanter en public, je crois que ces deux lignes-là devraient être chantées par une chorale ou quelque chose dans le genre.

- Peut-être bien... Si j'ai suffisamment de recul.

On continua de travailler ensemble sur ma chanson jusqu'à ce qu'elle sonne exactement comme dans ma tête.

J'avaisbeau apprécier ces moments passés à composer de la musique, la chanson metroublait. Elle n'était pas que personnelle, elle était vraie. Quand Derekrépondait à ma voix, tout l'Univers s'effaçait pour n'y laisser que lui ettoute mon âme absorbait la mélodie et les paroles. Le jour où je chanteraiscette chanson en public sera le jour où je n'aurais rien d'autre à chanter.