126. J'aimerais prier pour toi

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Elle garda toutefois ses bras autour de mes épaules, plus pour elle que pour moi. Les cailloux pleuvaient dans la fosse. Le corps des condamnés amortissaient le choc dans un bruit sourd, laissant un bleu ou du sang à l'endroit atteint. Lentement, ô! combien lentement, les cris des lapidés s'atténuèrent à mesure qu'ils expiaient de leurs blessures. Derek fut le dernier à rendre son dernier souffle. Il n'y avait plus de projectile et je pouvais encore entendre sa respiration haletante. Perdant toute contenance, je repoussai sèchement Gina et m'élançai dans le précipice, ignorant les cris de protestation des gendarmes et ceux d'étonnement de la foule. Je m'accroupis à côté de mon géant aux yeux verts, recroquevillé sur lui-même, le visage ensanglanté. Il m'entendit venir. 

- Axandria?

Mes sanglots parlèrent d'eux-mêmes.

- Ma belle, il faut que tu t'en ailles... Ils vont te massacrer aussi.

- Si seulement...

Ses doigts rencontrèrent les miens. Ma vue se brouilla à ma grande frustration.

- Je ne partirai pas tant que tu ne t'en iras pas, déclarai-je, résolue.

- Ce n'est pas comme si je pouvais..., commença Derek en s'interrompant quand il comprit ce que je voulais dire.

- Axandria! cria Gina du bord du fossé.

Je l'ignorai.

- Je ne sais pas quoi faire, me lamentai-je entre deux sanglots.

- Axandria, il faut que tu sois forte, me dit Derek dans un souffle. Il n'y a rien à faire sinon ta mission. Continue de parler aux gendarmes, d'encourager les autres prisonniers...

Il s'arrêta, subjugué par la douleur. Ses lèvres étaient teintées de sang.

- Ça va durer longtemps? se plaignit-il.

- Ça va finir bientôt, l'encourageai-je.

- Je t'aime, murmura mon mari dans un souffle. Que Dieu vous garde.

Ce furent ses dernières paroles. Son emprise sur mes doigts se desserra et ses paupières se refermèrent à jamais sur ses beaux yeux verts éteints. Il me fallut du temps – plusieurs secondes, plusieurs minutes? – pour réaliser qu'il était au ciel et pas moi. Il me fallut aussi ce temps avant que je remarque la présence de Gina derrière moi. Elle me prit la main et m'entraîna jusqu'à mon cachot. Elle se coucha à côté de moi et veilla sur moi jusqu'à ce que je m'endorme, le visage baignée de larmes. Quand je me réveillai, le lendemain matin, mon amie était toujours là, déjà réveillée.

- Que veux-tu faire? me demanda-t-elle en guise de bonjour.

- J'aimerais prier avec toi. 

L'EnlèvementOù les histoires vivent. Découvrez maintenant