25. Camouflage

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Pour cette journée-là, nous nous risquâmes hors de la forêt pour la première fois en plus de deux jours. Étonnamment, le retour à la civilisation fut difficile, enfin je parle pour moi. J'étais terriblement nerveuse à l'idée de tomber sur un gendarme ou, pire, sur une connaissance. Sans compter le fait que mes vêtements de randonnée ne faisaient pas très camouflage en plein trottoir et qu'ils me vieillissaient même, ce qui est assez dangereux merci quand on vivait dans l'illégalité.

Derek m'observait à la dérobée pendant que nous marchions sur le trottoir. Pas de quoi baisser mon anxiété. Il finit par s'en apercevoir et se mit à fixer les toitures des immeubles à l'horizon. Au bout de quelques minutes de silence gêné, je lui demandai si nous ferions mieux de trouver un restaurant ou un dépanneur.

- À condition que ce soit toi qui ailles payer.

Cela sonne certes peu galant, mais dans notre situation, cela nous était égal. Nous rentrâmes donc dans un dépanneur et demandâmes à utiliser les toilettes. L'homme à la caisse exigea toutefois que nous achetions quelque chose pour utiliser ses toilettes. Comme convenu, j'allai donc prendre deux bouteilles de limonade et un sac de jujubes pour ensuite aller les payer en disant : « Nous sommes ensemble ». Le caissier satisfait indiqua à Derek un couloir sombre et celui-ci y disparut. Je sortais mon portefeuille quand l'homme me dit soudain : « Vous avez quel âge? ».

- Seize ans, monsieur.

- Carte d'identité s'il vous plaît.

- Tenez, dis-je en sortant ma carte étudiante.

Le monsieur l'observa quelques secondes puis, ayant l'air satisfait de la ressemblance entre la fille de la photo et la fille qui se tenait devant lui avec des lunettes de soleil, me redonna la carte en souriant.

- C'est votre petit ami? me demanda-t-il avec un accent français.

- Oh non, répondis-je en rougissant, ayant deviné qu'il parlait de Derek.

- Ne rougissez pas comme ça, vous semblez avoir une bonne complicité, voilà tout.

Je soupirai.

- Oui, j'aimerais bien que cela dure...

À ce moment-là, Derek sortit de la toilette. Je lui remis mes emplettes et me glissai à mon tour dans la toilette.

Je décidai de changer mes vêtements pour un chandail et des bermudas légers, mais j'hésitai à enlever ma casquette. Je finis par sortir ainsi pour demander l'avis de Derek sur la question. Mes emplettes étaient bien sur le comptoir mais je ne trouvai pas Derek.

- Excusez-moi, demandai-je au caissier, où est mon ami?

- Il vous attend dehors. Bonne journée, me dit-il en répondant à mon signe de main.

Je poussai la porte du dépanneur, mais il n'y avait pas de géant aux yeux verts dehors.

- Ehlà là, siffla l'homme en sortant à son tour. Je crois que votre petit ami vousa posé un lapin.    

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now