95. Convocation

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On finit par me convoquer le 1er mars, près de deux mois après mon arrivée. Cardin fut chargé de m'y escorter, ce qui me permit d'obtenir des nouvelles.

- Comment va Gina? chuchotai-je.

- Je n'en sais rien, répondit-il sur le même ton. Seul son père sait où elle se trouve.

- Mais elle est ici, n'est-ce pas?

- C'est ce que je crois, mais il n'y a pas moyen de le confirmer.

- Qu'en est-il de Derek?

- Il va bien, mais selon moi il se fait convoquer beaucoup trop souvent.

Il réfléchit avant d'ajouter :

- Après ta convocation, je me chargerai de demander une rencontre avec lui. Je crois pouvoir les convaincre que vous ne monterez pas de plan d'évasion.

Ces paroles venant de lui, je savais qu'il ne disait pas cela pour mes beaux yeux. D'ailleurs, nous arrivâmes devant une lourde porte.

- Bonne chance, me souffla le gendarme.

- Merci quand même, mais pas besoin de chance, j'ai Dieu avec moi, rétorquai-je.

Je poussai le battant. Je me retrouvai dans une grande pièce, semblable à un gymnase, éclairée par des néons au plafond. En face de moi, trois personnes : M. Ricardo, mon tortionnaire et Gina.

- Est-ce mon père? demandai-je en indiquant le bourreau de mes poings enchaînés.

Personne ne me répondit. Je m'avançai vers Gina. Elle n'avait pas le tatouage obligatoire. Je me détendis aussitôt et mon visage se fendit d'un large sourire.

- Comment vas-tu?

- On le saura bientôt, répondit-elle, énigmatique.

Mon sourire s'envola aussi vite qu'il était apparu.

- Bon, on commence par quoi? maugréai-je.

- Pas si vite, dit M. Ricardo d'un ton doucereux.

La porte s'ouvrit et Derek entra à son tour. J'étouffai un cri de stupeur : Il était si pâle. Je courus à sa rencontre.

- Mon amour!

Il sursauta.

- Que lui avez-vous fait? m'écriai-je à l'intention du père de Gina.

- Moi? Absolument rien. Disons simplement que son ancien superviseur avait des comptes à lui rendre. La bonne nouvelle, c'est qu'il va partir bientôt, alors tu peux te réjouir!

Je me retournai vers Derek.

- Que t'a-t-il fait? Je me suis fait un sang d'encre pour toi! Peux-tu me répondre? T'ont-ils tranché la langue? demandai-je soudain, épouvantée.

- Non, répondit-il d'une voix si douce que j'en restai bouche bée. On en reparlera plus tard.

L'initiative de Cardin avait dû porter fruit.

- Nous sommes ici réunis, déclara M. Ricardo, parce que Gina a un choix à faire. L'un de vous sera fouetté et l'autre tué... elle choisira lequel. 

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now