107. De toute façon

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C'était la première fois depuis mon incarcération que je mettais les pieds hors de la prison. Cette dernière était enclavée dans la nature, au milieu des arbres et des herbes hautes. Tel que Gina me l'avait dit plus tôt, des petits cratères parsemaient la terre, rendant la progression de Derek encore plus laborieuse. Une odeur d'herbe brûlée flottait dans l'air. Les gendarmes nous dirigèrent vers une énorme piscine creusée en prenant soin de laisser un couloir d'environ deux mètres de largeur, question de laisser passer la condamnée. Je frissonnai au passage d'une bourrasque de vent. Derek me toucha le bras.

- Ça va? Tu as la chair de poule.

- Ça ira, j'ai juste un peu froid.

Il claudiqua vers moi et passa son bras autour de mes épaules. Nous avions l'air de naufragés se servant l'un de l'autre comme d'une bouée de sauvetage. C'est dans cette position que nous vîmes arriver notre amie.

Cette fois, on l'avait revêtue de la combinaison orange de prisonnier et on avait recouvert sa tête d'un sac de toile.

- Ils lui ont mis quelque chose sur la tête pour l'empêcher de voir, soufflai-je à Derek, interloquée.

- Pour l'empêcher de voir les requins approcher, chuchota Derek en frissonnant.

Je reportai mon attention en avant de moi, où des gendarmes s'affairaient à lier les bras et les pieds de Gina. Ils fixèrent ensuite un poids à ses chevilles. Je me surpris à penser que ces policiers n'avaient jamais su quoi faire d'elle autre que de l'attacher comme un vulgaire paquet de saucisses. Même son père s'est révélé incapable de se servir d'elle. Jusqu'au bout, Gina a été une gazelle impossible à traquer. J'étais si fière d'elle et de sa détermination de fer. Un sourire prit forme sur mes lèvres... puis disparut net.

On la déposa sur une trappe qui s'ouvrirait en temps voulu. Ses mains nues tiraient sur ses liens sans parvenir à les faire glisser. Je n'en croyais pas mes yeux.

- Derek, chéri, ne bouge pas, je reviens tout de suite, dis-je à mon mari en m'élançant sans attendre sa réponse.

Je courus jusqu'à la première rangée. Cardin s'y trouvait.

- Où est-elle? m'écriai-je en m'adressant à lui.

Celui-ci me regarda, surpris, mais ne répondit pas. Je me mis à la recherche de Néron Ricardo. Je le trouvai une télécommande à la main, s'apprêtant à appuyer sur un gros bouton rouge.

- Arrêtez!

Il me regarda en souriant et appuya sur le bouton.

- Allons, c'était son tour. Elle était due. Vous allez tous suivre de toute façon.

Sa réponse me confirma qu'il le savait. Il savait que ce n'était pas Gina qui se faisait dépecer par les requins au même moment. C'était Gianita. 

L'EnlèvementWhere stories live. Discover now