chapitre 20

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"Survivre, ce n'est pas être fort. C'est continuer à respirer un jour après l'autre. Alors qu'être fort, c'est apprendre à vivre en dépit de la douleur."


*

Cinq heures du matin. L'heure qui était affichée sur l'écran verrouillé de mon iPod.

Je m'étais réveillé en sursaut. Alors qu'Elena dormait à poings fermés, je n'avais presque pas fermé l'œil de la nuit. J'étais trop préoccupé à la regarder dormir, ou à me plonger dans mes pensées.

Bizarrement, je me sentais pas si bien que ça. Normalement, je devrais me réjouir. Je suis dans un nouveau lycée, j'apprécie la nouvelle ambiance, j'ai une petite amie, un meilleur ami formidable... Une tante qui s'occupe de moi. Qu'aurai-je besoin de plus, au final ?

Ma respiration était saccadée et mon cœur battait vite. J'étais sorti d'un mauvais rêve. Je rêvais encore de mes parents, de tout ça... Je vivais ce rêve presque toutes les nuits, alors pour moi c'était une habitude.

Je restais dans le lit, à réfléchir. Elena dormait près de moi, son visage presque similaire à de la porcelaine était reflété par la lumière de la pleine lune dehors. La lune matinale... Elle était si belle.

Je voulais me lever, descendre prendre un verre d'eau mais j'avais peur de faire du bruit, alors je restais dans le lit. Je reprenais ma respiration petit-à-petit et je passais une main dans mes cheveux. Je voulais réessayer de me rendormir mais je savais que je n'allais pas réussir.

Mais je décidais finalement de me lever. Une idée soudaine me venait en tête. J'avais largement le temps de me préparer pour aller le plus tôt possible au cimetière. Je voulais aller voir mes parents.

*

Au bout d'une heure, j'étais prêt. Elena et Mr. Snell dormaient encore. J'avais fais le moins de bruit possible, je m'étais faufilé jusqu'à l'entrée pour sortir en discrétion avec mon sac et mon iPod. Le cimetière n'était pas très loin. Il n'était pas loin de chez Tessy non plus. J'en profitais qu'il était tôt pour qu'il n'y ait que moi dans le cimetière.

Alors que j'entrais dans un des plus grands cimetières de la ville, mon souffle se coupait. Cette ambiance sinistre, avec ce brouillard agaçant me faisait froid dans le dos. J'entendais un croassement de corbeau qui me donnait encore plus l'envie de fuir. Il n'y avait personne. Absolument personne. Ma veste me tenait à peine chaud et je m'avançais dans le cimetière, les bras croisés pour trouver la tombe de mes parents.

Et je la trouvais en seulement une poignée de minutes. Je reconnais immédiatement le marbre brillant de leurs tombes même dans la brume. Là où était inscrit « Ici reposent Liz et Peter Hemmings... » ainsi qu'avec leur date de naissance et de décès.

Je voyais qu'il y avait un bouquet de fleurs fraîches. Tessy était sûrement celle qui les avait posés. Après tout, elle devait aller au cimetière de temps en temps, elle aussi. Je m'asseyais en tailleur devant leur tombe. Le regard songeur, et ma lèvre inférieure entre mes dents, je me remémorais le peu de moments que j'ai pu passer avec eux.

― Salut maman, salut papa... commençai-je, avec une voix presque inaudible. Je crois avoir une idée de ce que vous pensez. Vous devez sûrement être déçus. J'ai fais des erreurs... Des trop grosses erreurs, d'ailleurs. Je ne sais même pas si un jour tout ça sera entièrement réparé, mais j'ai des regrets. Et, vous me manquez aussi. Terriblement. C'est presque inexplicable. Je sais qu'il faut être fort, dans n'importe quelles circonstances, mais quand la douleur nous submerge peu à peu, on a comme envie de tout arrêter, de mettre sur pause, ne serait-ce qu'un seul instant. Elle est difficile la vie, sans vous à mes côtés. Parmi les nombreux chapitres qui sont écris sur mon existence, vous n'êtes que récurrents. Je sais, la vie est faite ainsi. Je sais que je ne peux rien blâmer, mais je m'y sens un peu obligé. Tout m'a été pris... Mon bonheur, la joie d'avoir une famille... Je suis qu'un putain condamné du destin. C'est ridicule de dire ça comme ça... J'ai l'impression d'être un personnage d'une pièce tragique de Racine... Maman, tu me disais toujours que... Peut importe ce qui nous arrive, je devais rester fort... Depuis tant d'années je lutte, je lutte contre ma faiblesse, mais à force je m'épuise. J'en suis incapable, dorénavant. Je ne peux plus m'efforcer à rester fort jour et nuit. Je n'y arrive plus.

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Where stories live. Discover now