tome 2, chapitre 6

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« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Marcel Proust

*

Mon père.

Mon père était là. Il était en vie. Il était bien là, devant moi. Je ne rêvais pas. Ça ne pouvait pas être un rêve.

Son cœur battait dans sa poitrine. Il semblait en bonne santé, fort, et il avait bonne mine. Comment ai-je pu ne pas le reconnaître ? Il est de mon sang, de ma famille... Juste... Comment ai-je pu ?

Je restais encore abasourdi, choqué, surpris... Le moindre mot ne pouvait encore sortir de ma bouche. J'en étais incapable. Mon père était donc en vie depuis tout ce temps ?


― Pourquoi ne t'ai-je pas reconnu directement ?

― La dernière fois que l'on s'est vu c'était il y a douze ans jour pour jour, Luke. Je suis ici depuis douze ans.

― Pourquoi t'appeler « Jake » ? Sérieusement ? Ton prénom et tes origines te lassent ?

― Non... Ce n'est pas par ma propre volonté. James m'a ordonné que l'existence de Peter Hemmings doit rester secrète. Pour une raison dont j'ignore encore. Alors, depuis douze ans je me suis créé une identité et je suis Jack Wallace. Et j'entraîne.

Jack Wallace... Je n'arrive pas à croire que tu sois en vie. Je... ne sais pas quoi dire, bredouillai-je sans savoir trouver les mots.

― Crois-moi, j'aurais voulu que ça se passe autrement. Jamais je n'ai voulu que tu aies une vie comme celle-ci.

― Je n'en doute pas. Quel genre de père le souhaiterait à son fils ?

― Jamais je n'aurais pensé que tu allais être accueilli par une famille comme les Walters, dit-t-il avec dégoût. Je n'ai jamais voulu ça.

― Le mal est fait maintenant, dis-je doucement. J'ai fait avec.


Il n'osait s'approcher de moi. Et puis quoi encore ? L'enlacer ? Je devais prendre le temps de tout digérer. Mes émotions voulaient se déchaîner mais je luttais. Je ne voulais pas montrer aucune faiblesse. Et si l'existence de Peter Hemmings doit rester secrète alors je dois garder ça secret.

Mais bizarrement je voulais savoir pourquoi c'était ainsi... Pourquoi l'appeler Jake Wallace ? Ce nom lui va si mal d'ailleurs.


― Tu as encore beaucoup de choses à vouloir savoir je suppose, dit-t-il fermement.

― Oui. Je ne sais même pas ce que signifie réellement la S.C.D. Pourquoi réunir des personnes avec des dons seulement ici ? Dans cet endroit ? Je veux dire... Dans quel intérêt ? Et surtout dans l'intérêt de qui?

― Si seulement je pouvais répondre à ta question... James est très secret, tu sais. Je sais qu'il fait des recherches sur un projet grandiose qu'il a commencé depuis le début de sa société. Mais pourquoi réunir des gens hors normes ? Je n'en sais rien, dit-t-il en haussant les épaules.

― Où est-ce qui t'as trouvé ?

― On devrait parler de ça ailleurs... Dans ma chambre privée par exemple. Tu sais, ici, partout on peut nous écouter, souffla-t-il. Les murs ont des oreilles.

― Oui, c'est vrai, tu as raison.

― J'aimerais tellement apprendre à te connaître, dit-t-il, presque avec un léger enthousiasme.


Ses douces paroles me laissent silencieux. Un sourire léger se forme sur mes lèvres.

Il me guidait jusqu'à sa chambre privée qui n'était pas très loin de la grande salle. Tout était un peu glauque... Tout était blanc, avec des nuances de gris. Je n'aimais pas cette ambiance. Ça donnait une ambiance froide d'hôpital. Et merde.

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Donde viven las historias. Descúbrelo ahora