tome 2, chapitre 19

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« C'est exactement comme un chagrin d'amour : on ne sait pas quand on s'en remettra. Au pire moment de la douleur, on pense que la plaie sera toujours vive. Et puis, un matin, on s'étonne de ne plus ressentir ce poids terrible. » David FOENKINOS, La délicatesse

*

Luke

Plusieurs jours passaient après la menace de James. Je n'avais même pas agit depuis. Ça m'avait laissé sous le choc... À l'idée que mes proches pouvaient être sa cible je ne pouvais pas accepter ça. La phase de trop.

C'était un choix crucial. Ma vie ou la leur ? Évidemment que le choix était simple et évident, mais l'esprit de rébellion régnait encore en moi et je ne voulais pas m'arrêter de me battre. Je ne voulais pas arrêter de me battre pour ce que je veux réellement. Je ne voulais pas me permettre de laisser James gagner, ni lui donner l'opportunité de faire du mal à ceux que j'aime...

La rébellion... La liberté... Ou Ashton et Tessy ? Qui savait si James allait respecter sa part du marché ? Et s'il allait s'en prendre à eux sans même que je montre un signe de malfaisance ?

Je n'en avais pas parlé à Lauren. Ni à mon père, ni à qui que ce soit. J'avais passé mon temps à réfléchir pendant ces cinq jours. Mon idée se basculait dans tous les sens et ma décision avec. Je voulais prendre le risque mais à la fois épargner Tessy et Ashton. Je me sentais incapable de faire ça. Ce serait comme les trahir.

Et ils étaient ma seule part d'humanité en ce moment-même.

J'avais du mal à trouver le sommeil, à manger, à bouger... J'ai passé mes journées presque entières à me recroqueviller sur moi-même et à essayer de me convaincre si j'étais en train de faire une erreur ou pas.

*

Je devais au moins en parler à mon père. Au moins lui demander ce qu'il en pensait. Je décidais de faire le pas et je sortais de ma chambre. Le visage pâle, je me rappelais même plus de la dernière fois que j'avais mangé. Mon estomac restait noué tel un élastique.

J'allais vers la chambre de mon père et je toquais brusquement à la porte. Ma tête tournait et j'allais m'évanouir au moment-même où mon père ouvrait la porte.

Oh dieu, Lucas, dit-t-il en me relevant aussitôt.

Il m'emmenait jusqu'à l'intérieur et me faisait allonger sur son sofa. Je sentais la fraîcheur et l'odeur du cuir. Ma vision était floue et mon estomac continuait de grogner. J'entendais mon père paniquer.

― Lucas, qu'est-ce qu'il t'arrive ?!

― J'avais... besoin de te voir.

― Je savais que quelque chose te tracassait. Qu'est-ce qu'il se passe ?

― Pendant cinq jours j'ai réfléchi... Mon cerveau est devenu de la bouillie et je reviens sans arrêt à la case départ.

Il fronçait brièvement les sourcils.

― Pendant combien de temps tu n'as pas mangé ni bu, Luke ?! cria presque mon père, en voyant en ce moment mon état.

― Ça a vraiment de l'importance en ce moment ?

― Bien-sûr que oui, rugit-t-il. Manquerait plus que ça que mon fils se laisse crever de faim !

― Je vais bien, lui dis-je doucement, en levant les yeux au ciel.

― Nous n'avons pas la même définition du mot « bien », Luke. Tu as beau être fort, tu n'es pas indestructible.

― Là n'est pas la raison de ma venue. J'avais besoin... de parler.

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Where stories live. Discover now