chapitre 17

2.6K 180 57
                                    

"Il y en a qui ont le cœur si large qu'on y entre sans frapper. Il y en a qui ont le cœur si frêle qu'on le brise d'un doigt." Jacques Brel 


*

Ashton

Deux semaines.

Deux semaines qu'il était parti de chez moi. Deux semaines après l'incident au lycée, deux semaines après ma dispute avec Luke.

J'avais tenté à plusieurs reprises de le contacter, mais jamais il ne m'avait répondu. Je ne recevais aucun appel, aucun texto, aucune carte postale... Aucune lettre. Rien. Comme s'il était parti pour de bon. Comme si je n'allais plus jamais le revoir. J'avais compris d'une certaine manière qu'il ne voulait pas qu'on le contacte. Et je respectais son choix.

Il ne venait plus au lycée. J'avais vite compris qu'il ne comptait plus venir. Sa présence chez moi me manque malgré tout. Et je ne pouvais pas le blâmer. Il était perdu, il ne savait plus quoi faire.

Après tout, comment être en paix avec les autres si on ne peut pas être en paix avec soi-même ?

Tout ce que j'espérais maintenant, c'est qu'il puisse aller mieux, qu'il trouve un moyen de contrôler tout ça. Sa vie avait changé brusquement, et il n'allait sûrement jamais s'en remettre d'une certaine façon. Et c'est compréhensible. J'aurais touché le fond depuis longtemps si ça aurait été moi.

Mais je ne voulais pas l'abandonner. Je ne voulais pas le laisser. Une promesse est une promesse. J'acceptais de lui donner de l'espace, mais jamais je ne voudrais le laisser tomber. Un véritable ami, c'est comme un frère : Jamais ça n'abandonne. Même dans les moments les plus difficiles, même dans les moments les plus imprévisibles. Jamais ça n'abandonne.

Je décidais de sécher les cours aujourd'hui, et d'aller voir Luke. Il était sûrement chez Tessy depuis deux semaines. Elle devait certainement l'aider. Je m'habillais avec un jean skinny, et un t-shirt banale que j'avais pioché au hasard dans mon placard. Je mettais mon bandana rouge dans mes cheveux, et je prenais mon iPod en main avec mes écouteurs.

Vingt minutes plus tard, j'arrivais chez Tessy. Je gardais mon calme, j'inspirais et j'expirais doucement. J'avoue que j'étais nerveux, je savais que je n'étais pas censé être ici. Mais il fallait que je sache si Luke allait bien, et si il allait s'en sortir.

Je toquais à la porte, et Tessy venait m'ouvrir. Elle me souriait chaleureusement.

― Bonjour Ashton.

― Bonjour Tessy. Est-ce que Luke est là ?

― Il dort, en ce moment. Mais, entre, je t'en prie. Je vais te préparer un café.

J'entrais doucement en faisant le moins de bruit possible. Elle me faisait signe d'aller jusqu'à la cuisine avec elle pour boire un café. Je la suivais, sans dire un mot. L'ambiance était assez froide et sinistre. Je me mordillais la lèvre.

― Comment va Luke, en ce moment ? commençai-je, pour entamer la conversation.

― C'est assez compliqué. Il ne mange plus, il fait pas mal d'insomnies,... Il m'a avoué faire des cauchemars la nuit, aussi, dit-t-elle, attristée.

― Il est comme... Dans une sorte de dépression ?

― Il a besoin de toi. Il ne veux pas le faire voir mais il a besoin de toi. Je l'ai entendu hurler ton nom, la nuit...

― Il rêve de moi ?

― Tu lui as apporté beaucoup de choses. Cette fille, Elena Snell, aussi. Mais l'affection qu'il te porte n'est pas encore la même. Tu lui manques, beaucoup. Il ne m'en parle pas, mais je le vois très bien. C'est pas difficile à comprendre et à le déchiffrer sur son visage.

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Where stories live. Discover now