tome 2, chapitre 11

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"L'âme humaine n'est pas un cuir qui se tanne avec les épreuves. C'est une membrane sensible, vibrante, délicate. En cas de choc, elle reste meurtrie, marquée, hantée." 

Jean-Christophe Grangé, Le Passager


*


Ashton

« En reliant les pièces du puzzle... Tu finiras par trouver la clé.

En reliant les pièces du puzzle... Tu finiras par trouver la clé. »

La phrase qui me tourmentait déjà depuis une semaine dans ma tête. Chaque nuit, c'était la même chose. La même phrase. Le même ton de voix un peu enfantin. Troublant... Et incompréhensif.

Je me réveillais en sursaut par cause du réveil de mon téléphone. La chaleur douce me faisait ressentir jusqu'à mon lit. J'avais pourtant affreusement dormi, mais aujourd'hui je me préparais pour faire un grand pas.

Aller voir Tessy.

Je savais que ça allait être difficile. Elle devait sûrement mal vivre l'absence de son neveu... Elle l'avait à peine retrouvé, et la vie lui avait enlevé de nouveau. C'était une période difficile pour nous deux, et nous seules pouvaient nous comprendre.

Même si je n'avais pas trouvé la motivation de bouger aujourd'hui, je finissais par m'habiller. Mes cheveux avaient poussé de quelques centimètres et je ne m'étais pas rasé depuis quelques jours. J'avais l'air d'un détraqué avec mon t-shirt troué mais peu importe. Je suis le petit-ami vivant du meurtrier défunt.

**

Il pleuvait aujourd'hui. Pourtant je suis parti à pied de chez moi. Il ne faisait pas très froid, mais le soleil avait disparu et les nuages avaient fait surface. Je marchais droit dans la rue, les mains dans les poches de mon jean, la tête baissée, et les écouteurs dans les oreilles. J'écoutais un vieil album de Radiohead.

J'arrivais chez Tessy. Les volets étaient tous fermés. J'avançais d'un bon pas jusqu'à la porte d'entrée et j'appuyais sur la sonnette. Je finissais par attendre quelques secondes avant que quelqu'un ne m'ouvre la porte qui était verrouillée à clé.

― Ashton ?

Je voyais sa chevelure blonde dépasser ainsi que son front et ses yeux. Elle semblait si pâle. Elle rouvrait la porte en grand je pouvais constater à quel point elle semblait fatiguée.

Tessy... Ça faisait un moment, lui dis-je d'une voix douce en baissant la tête.

― Oui, en effet, dit-t-elle sur le même teint de voix. Entre, tu vas être trempé.

J'avais presque oublié la pluie. J'entrais vite et refermait la porte derrière moi.

― Excuse-moi pour cette tenue. Je ne m'attendais pas à ce que tu viennes.

― Je voulais te voir. Et excuse-moi de ne pas t'avoir prévenu plus tôt.

Elle me lançait un regard affreusement triste avant de me prendre brusquement dans ses bras. Elle pleurait. Je l'entendais renifler. Elle craquait. Elle n'avait pas réussi à faire son deuil, ce qui était normal. Elle semblait si sensible que ça m'arrachait le cœur de la voir dans cet état.

― Je n'y arrive pas, me souffla-t-elle, toujours enfoui dan mes bras.

― Tu n'arrives pas à oublier, ou tu n'arrives pas à être bien ?

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Where stories live. Discover now