tome 2, chapitre 33

431 43 35
                                    

Tessy

Allongée depuis plusieurs heures dans des draps blancs en soie, je fixais sans cesse le plafond, tentant de réfléchir à ce qui s'était passé. Une migraine m'importunait depuis trop longtemps. James était probablement l'homme le plus imprévisible qu'il soit. Je me demandais si Alec était encore en vie, et je me demandais surtout comment j'allais sortir d'ici. Pire encore, je me demandais si j'allais survivre.

Ma tête est en bouillie, mon esprit est sur pause, j'avais sans cesse réfléchi à comment sortir d'ici. Sans grand succès. Très différent de ce que j'ai pu vivre à la mafia, la S.C.D est un endroit glauque, renforcé, forgé, et immense comme un véritable labyrinthe. C'est même d'ailleurs un miracle que Luke a pu s'enfuir. Il a eu une chance énorme.

La porte de ma chambre s'ouvre brusquement, lorsque j'essayais de trouver le sommeil. James est là, devant moi. Son regard de feu s'étendait sur moi, cherchant déjà à me déstabiliser. J'évitais de croiser son regard avec le mien, je ne voulais pas céder et prétendre que tout allait bien.

― Bonjour, Teresa, me souffla-t-il d'une voix très douce, même trop douce à mon goût.

Il s'approchait de moi, avec dans ses mains un plateau muni d'une assiette remplie et d'un grand verre d'eau. D'un pas lent afin d'éviter d'être trop brusque et de me faire peur. Même s'il en fallait beaucoup pour me faire peur ou pour me faire souffrir, James cherchait toujours à gagner ma confiance. Comme si j'allais tomber aussi vite dans le panneau... Après tout ce qu'il avait pu faire, je ne pouvais pas. Il n'y avait pas d'autres solutions.

― Je t'ai apporté de l'eau et un peu de nourriture. Tu en as besoin.

― Je n'ai pas besoin de ton aide, dis-je sèchement.

― Tu es énervée, confuse, perturbée. Ce que je peux comprendre.

― Je ne suis pas perturbée, je ne t'aime pas c'est tout. Je me demande encore pourquoi tu es devenu un tel monstre, lui dis-je d'une voix pleine d'amertume.

Cette fois mon regard s'étendait sur lui. J'avais envie de pleurer, de hurler, mon corps entrait en ébullition. Je ressentais tellement de haine, de frustration, de colère envers lui que je ne pouvais pas lui faire les yeux doux. J'étais incapable de le regarder comme j'ai pu le faire avant. J'étais incapable de l'aimer comme avant. Incapable de ressentir la même chose. Celui qui était en face de moi, n'était de loin le James que j'avais connu dix ans auparavant.

― Avec le temps, on change. Mais ça, tu dois le savoir.

― Dois-je comprendre que tu me blâmes encore ? Après tout ce que tu as pu faire jusqu'à maintenant ?! Après toutes ces années ?!

― Je n'ai pas à me justifier, Stewart, dit-t-il sèchement.

Il déposa brutalement le plateau avec l'eau et la nourriture à côté de mon lit et commençait à partir vers la sortie.

― Pourquoi ? Tu pensais que c'était la meilleure chose à faire ? Que tu n'avais pas d'autres choix ? Tu n'as aucune excuse, James ! La moindre des choses que tu puisses me faire en ce moment, c'est de me dire clairement pourquoi tu as décidé de me torturer à ce point.

Il s'arrêtait devant la porte alors qu'il était prêt à partir. Il savait très bien de quoi je parle. Il se retourne vivement, son regard n'était plus le même. Il se mord la lèvre discrètement.

― Pourquoi veux-tu savoir ?

Je me levais du lit, pour m'approcher de lui. Je voulais savoir. Oui, je voulais savoir si le James d'avant était encore enfoui quelque part dans son esprit. Je l'espérais, d'ailleurs. Mais peut-être qu'en réalité, j'espérais trop et j'étais bien trop naïve.

All Monsters Are Human (EN COURS D'ÉDITION) Where stories live. Discover now