Chapitre 6

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Ben n'était pas seulement dégoûté, il était tout simplement révolté. Il venait de laisser partir la personne qu'il aimait le plus au monde combattre un adversaire bien trop coriace. Et lui, il était là, à ne rien faire, à attendre que l'esclave s'éloigne pour attaquer son maître inoffensif. Il était faible, bien trop faible. Il n'arrivait pas à protéger Hope de ce monde impitoyable. Hope le trouvait incapable de se servir d'une arme, incapable de se battre et elle pensait à tort qu'elle devait l'aider, alors que pour lui c'était le contraire. Il voulut crier à l'idée de savoir Hope en danger. Mais si elle s'était sacrifiée, c'était pour sauver Pierre. S'il ne faisait pas même cela, alors il n'oserait plus se regarder en face. Il tint fermement son couteau, sa main tremblant légèrement. Il n'était pas le courageux, le stoïque ou le brave. Il était le garçon amoureux qui ne se battait que pour son amour. Cela avait été ainsi toute sa vie. Il n'avait trouvé de sens à celle-ci qu'en passant du temps avec Hope. Sans elle, sa vie serait vide. Mais Hope était un esprit libre et rebelle, toujours en mouvement et, pour l'instant, il était incapable de suivre le rythme. Il devait devenir plus fort, il devait devenir Ben le puissant. Seulement alors il pourrait défier les lois de ce monde pour avoir le droit d'aimer Hope. Pour lui c'était simple, si les classes sociales lui empêchait de rester pour toujours aux côtés de Hope, alors ils les détruiraient toutes. Ses yeux scintillèrent. Il était prêt, lui aussi.

En larme, Hope n'avait plus beaucoup d'espoirs. Elle voyait la mort approcher sous la forme d'un homme devenu fou. Elle essaya de poser sa cheville, avant de sentir une décharge de douleur. Elle retint un énième cri. Elle prit une flèche dans son carquois, il ne lui en restait que deux. Elle la brisa et ne garda que la pointe. Si la tirer avec un arc ne marchait pas, elle s'en servirait comme un couteau. Elle se concentra comme elle le put. Elle n'aurait pas plusieurs chances.

L'esclave s'avançait à une vitesse réfléchie. Il n'était pas précipité et sa démarche était menaçante. C'était une astuce pour lui faire perdre son sang-froid. Hope ne craqua pas. Alors que ses yeux scintillaient toujours, l'esclave accéléra d'un coup, surprenant Hope, mais pas au point de la faire perdre le duel. Elle n'avait pas l'avantage, mais l'affrontement était à son point culminant et les dés n'étaient pas jetés. Une erreur de l'esclave pouvait encore changer les choses. Tout prêt, son adversaire visa sa tête de son immense hache. Elle l'esquiva en se baissant. L'esclave étant gigantesque, elle avait l'avantage si elle restait vers le bas. Elle s'agrippa aux jambes de son opposant avant qu'il ne puisse lui donner un coup de pied. Elle essaya de le faire tomber en s'appuyant sur ses jambes de toutes ses forces, mais ce fut vain et elle dut esquiver un autre coup de hache avec une pirouette pour ne pas se faire embrocher.

Cette fois-ci, son ennemi fut plus rapide. Avant qu'elle ne se relève, il la frappa de sa jambe encore saine et elle ne put amortir le coup qu'avec le bras. Elle cria de douleur. Le bras n'était pas cassé, elle le sentait, mais elle arrivait à peine à le bouger. Elle aurait une grosse bosse pendant bien longtemps. De plus, son bras droit avait été touché et, en tant que droitière, elle en avait plus que besoin pour pouvoir se battre. Sur le moment, elle avait même lâcher la pointe de flèche aux pieds de l'esclave. Elle ne savait que faire de la dernière. Le pouvoir dans ses yeux commença à faiblir. C'était normal, elle en avait beaucoup trop usé. Son champ de vision s'était même rétréci. Ce n'était pas définitif, ça lui était déjà arrivé plusieurs fois, mais elle espérait que ce jour-là ils ne lui feraient pas défaut. Pendant des années, elle s'était entraînée pour que les bonus d'adresse et de vitesse conférés à ses mains se propagent au reste de son corps. Elle avait fini par réussir, mais cela consommait bien plus vite son pouvoir. Elle n'en avait plus à présent, ou trop peu pour que ça fasse une différence. Elle avait utilisé ce qu'il lui restait de pouvoir pour parer le coup. À vitesse normale, elle ne pouvait rien faire contre un tel adversaire.

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