Chapitre 20

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Le lendemain, Ben ouvrit les yeux en bien meilleur état que la veille, même s'il avait toujours mal. Hope dormait encore, alors il la réveilla en la secouant doucement. Ses parents allaient s'inquiéter. Elle se leva en marmonnant mais écarquilla les yeux dès qu'elle vit que son ami n'était plus endormi.

-Tu vas mieux ? Oh, Ben, je suis désolée, vraiment, pardon, c'est de ma faute et puis...

Il ne la laissa pas finir. Il se leva et, malgré la douleur, fit comme si de rien n'était. Cela diminuerait peut-être sa culpabilité.

-Oublions ça et allons manger, j'ai faim.

Son ami n'allait pas bien, Hope le voyait. Bien qu'il tentât de le cacher, ses jambes tremblaient légèrement et il faisait de petites grimaces lorsqu'il pensait qu'elle ne le regardait pas. Encore une fois, Ben se sacrifiait pour qu'elle se sente mieux. Elle eut envie de pleurer, mais avait-elle le droit de le faire après tous les efforts qu'il faisait pour la rendre heureuse ? Ils rentrèrent tous deux chez eux pour aller manger et c'est seulement arrivé dans sa chambre que Ben s'autorisa quelques larmes.

Pour laisser Ben se reposer et pour faire quelque chose qui lui occuperait l'esprit, Hope décida d'aller chez Pierre. Elle le trouva chez lui, en train d'aider sa mère à préparer à manger. Ses frères jouaient dehors avec une vieille balle qu'ils avaient récemment trouvée. Hope alla chez Pierre juste après avoir salué Agnès. Il avait les yeux rougis.

-Mon grand, ça va aller, tu sais ?

Il ne lui répondit rien. Il se contenta de fixer ses pieds. Hope voulut pleurer à l'idée qu'il reste comme ça pour toujours.

-Pierre, il est important que tu m'écoutes, parce que la protection de ta famille est en jeu.

Elle accapara enfin son attention et elle continua :

-Alors voilà, je ne sais pas pourquoi, mais il y a beaucoup de gardes qui sont arrivés. Alors il va falloir faire plus attention. Si tu veux chercher à manger, tu peux me demander de t'accompagner, ce sera avec plaisir. Tu es même assez grand pour que je t'apprenne à chasser, si tu veux.

-Moi je sais.

-Qu'est-ce que tu sais ?

-Pourquoi les gardes sont là. Je les ai entendus. Ils se plaignaient d'être venus jusque-là parce que quelques esclaves s'étaient échappés. C'est de ma faute, tout est de ma faute.

-Non, non, non, ne dis pas n'importe quoi. Tu n'as rien fait, d'accord ? Et il y avait plein d'autres personnes sur ce convoi !

-Oui, mais c'est à cause de moi que tu l'as attaqué. Tu n'aurais pas dû. Le reste du Gouffre se serait mieux porter. Hier aussi t'aurais dû me laisser. Ben, il ne serait pas comme ça.

Il se mit à pleurer, mais Hope ne le laissa pas faire. Elle le gifla et commença à le réprimander :

-Pierre, maintenant que je sais pourquoi ils sont là, je continuerai quand même à te sauver encore et encore, même si d'autres gardes arrivaient. Et Ben ne t'en veux pas, tu veux qu'on aille lui demander ? Pierre, je ne veux pas que tu dises ça, d'accord. Tu es un garçon formidable qui aide sa famille, pourquoi je devrais t'abandonner ?

-Parce qu'à cause de moi tu as plein de problèmes !

Une pensée traversa soudain Hope. Elle commençait à comprendre pourquoi Ben se mettait autant en danger pour elle. Lorsque l'on aime, le reste importe peu, on devient illogique. Pierre pleurait toujours, alors Hope eut une idée pour lui remonter le moral :

-Tu sais, je suis en train de trouver une solution. Et pas des moindres. Je travaille avec plein d'autres gens motivés pour qu'un jour le royaume soit meilleur. Quand j'aurai fini, tu n'auras plus besoin de te cacher et de protéger la famille. Mais ça peut prendre un peu de temps, alors pour l'instant, ne te mets pas en danger. Et n'en parle à personne, hein ? C'est notre petit secret à tous les deux. Promets-moi juste que tu ne baisseras jamais les bras.

La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant