Chapitre 48

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Le sang de Hope se glaça dans ses veines. Elle regardait Pierre se faire étrangler sous ses yeux. Vu son gabarit, il ne tiendrait pas trente secondes. Hope voulut pleurer, crier, mourir. Elle sentit une ire sauvage l'assaillir et perdit toute raison. Mais elle ne pouvait rien faire, elle n'avait plus de force. Sans trop savoir comment, elle se mit debout. Elle ne sentait même plus la douleur que ses pas lui octroyaient. Pierre était en train de mourir. Elle était prête à s'infliger toutes les blessures du monde pour le sauver. Elle marcha lentement. Elle savait que si elle ne faisait pas attention, elle s'évanouirait à nouveau. Plusieurs fois, elle faillit tomber, mais, enchainant un pas après l'autre, luttant contre l'épuisement, elle arriva au garde. Elle mit une main sur son épaule et, surpris, il lâcha Pierre pour se retourner. Hope lui sourit tout en allumant ses yeux :

-Je vais t'apprendre une chose. Tu peux être sûr que si tu essayes de faire le moindre mal à ceux que j'aime, tu ne gagneras pas.

Ses pouvoirs s'étaient affaiblis, mais elle les puisa dans ses ressources les plus lointaines. Le garde s'écroula alors. En rampant, Hope s'approcha de Pierre.

-Pierre, ça va ? Tu n'as rien ?

-Je me sens bien, ne t'inquiètes pas. Tu m'as sauvé une fois de plus. Jamais je ne réussirai à te rendre la pareille.

-Je t'assure, Pierre, que c'est toi qui m'as sauvée, cette fois. Merci. Je suis un peu fatiguée, je compte sur toi.

         Alors qu'elle était inconsciente, Hope rêva. Elle était à la base de la Rose Noire, avec tous ses membres, mais aussi avec ses amis et sa famille. Elle riait avec eux, ils faisaient la fête, tous ensemble. Mais ils commencèrent à tomber un à un. Lorsqu'il ne resta plus qu'elle, au milieu de cadavres, elle ne put que tomber à genoux et pleurer, le visage enfoui dans ses mains. Jack vint alors vers elle et lui mit une main sur l'épaule : « Étiez-vous réellement assez naïve pour croire que vous pourriez tous les protéger ? ». Elle se réveilla en sursaut.

         -Hope !

         Hope eut à peine le temps de se relever que Ben l'enlaça. Il pleurait dans ses bras.

-Je suis désolé, je voulais te protéger, mais tu as disparu. Ne t'éloigne plus jamais ainsi, je t'en supplie.

         Hope était encore sonnée, mais elle était ravie de s'être réveillée près de son ami :

-C'est fini ?

-Oui, mais il vaut mieux que tu restes là, ne va pas regarder le champ de bataille, ce n'est pas bien beau à voir.

-Et Pierre ? Il va bien ?

-Lavande dit qu'il aura une cicatrice sur le cou, mais à part ça, il va bien.

         Hope put respirer à nouveau. Elle se mit debout, malgré les protestations de son ami, et se dirigea vers le lieu où les combats s'étaient déroulés, qui n'était pas bien loin de l'endroit où elle avait été emmenée.

         Les arbres majestueux semblaient se pencher tristement sur les lieux, leurs feuilles tremblantes effleurant les échos d'une bataille récente. Des rayons de soleil perçaient timidement la canopée, illuminant une scène d'une beauté macabre.

         Le sol était jonché de corps, tant de ses camarades que des gardes. Leur présence jadis vivante était maintenant figée dans une immobilité éternelle. Leurs yeux vides semblaient encore refléter la terreur qui les avait consumés. Hope les avait vu briller, ces yeux. D'une détermination plus forte que la mort. Maintenant, ils n'affichaient plus rien.

         Des armes éparpillées telles des trophées abandonnés marquaient le terrain de cette lutte épique. Épées brisées, lances tordues et arcs délaissés gisaient au milieu des feuilles mortes. Les outils improvisés, surtout des pioches, autrefois empoignés avec une force déterminée, gisaient maintenant à côté des guerriers déchus, leurs chants de bataille résonnant à jamais dans les esprits. 

La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant