Chapitre 19

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Monsieur Petit ne se laissa pas le temps de réfléchir à ce qui avait bien pu se passer. Il devait aider Ben, tout simplement.

-Suivez-moi, son poste de travail n'est pas loin.

Il n'hésita pas à quitter son poste sans donner d'explication. Il voyait que Ben était dans un état lamentable et que, si rien n'était fait, il garderait des séquelles permanentes. Il traversa les ruelles, tout en faisant attention à la présence de la milice. Il essaya d'ignorer les regards de la foule. Il avait conscience qu'il n'avait rien à faire là, mais il ne pouvait pas laisser un jeune souffrir ainsi. Il était rongé par l'inquiétude. Il prit la place de Pierre pour porter Ben et ils purent avancer plus vite. Ils arrivèrent enfin au cabinet du docteur Guérin, alias Lavande. Ce n'était qu'un petit bâtiment au coin d'une ruelle qui n'avait rien d'un cabinet médical, du moins si on le voyait de l'extérieur.

Ils entrèrent. Hope observa les alentours d'un rapide coup d'œil. Au centre de la pièce se trouvait une table solide en bois, où le médecin exerçait ses soins. Des rouleaux en parchemin y étaient disposés, contenant les connaissances médicales d'Avaloria. À côté des parchemins se trouvaient des instruments assez rudimentaires : des scalpels, des ventouses et des seringues en verre étaient en effet disposés avec précaution. Un faible parfum d'herbes médicinales flottait dans l'air, mêlé à une légère odeur de brûlé provenant de chandelles. Près de la fenêtre étroite, une petite table tenait des fioles en verre coloré, contenant des potions et des remèdes spécifiques. Les plantes médicinales séchaient dans un coin, suspendues au plafond, apportant une touche de couleur et de nature à l'endroit.

Lavande vint vite vers eux, laissant un petit garçon qui s'était écorché le genou dont il était en train de désinfecter la plaie. Il était habillé avec des vêtements simples mais propres. Son visage ridé témoignait de ses années d'expérience. À présent, ses cheveux étaient presque devenus entièrement blancs. De nouvelles rides d'inquiétude vinrent s'ajouter à celles qu'il avait déjà. Il regarda Ben. Comment avait-il pu se mettre dans cet état ? En tout cas, sa mission était de le remettre sur pieds. Il devait s'allonger, alors il le fit mettre sur un tapis relativement propre et il commença à désinfecter chacune de ses plaies avec une rigueur et une précision notable. Puis il prit des onguents adaptés qu'il appliqua sur ses plaies. Il finit le tout en pansant les blessures les plus importantes.

Ben ne disait rien. Il avait trop mal ne serait-ce que pour ouvrir les yeux. Il entendait du monde s'affairer autour de lui, le soigner, mais il n'avait pas la force de remercier qui que ce soit. Il préféra laisser l'épuisement l'entraîner dans un profond sommeil.

Dès que Lavande eut fini son travail, Hope vint l'assaillir de questions :

-Monsieur, il ira mieux ?

-Ça devrait aller, oui. Vous l'avez emmené assez vite. Il n'a, miraculeusement, aucune fracture. Que de vilains bleus. Ses tissus ne sont pas abîmés et il a bien amorti les coups. Il n'est pas stupide, il a tenu une position favorable à une réduction des dégâts. Je pense que d'ici une semaine, il sera presque comme neuf. À son réveil il pourrait déjà, techniquement, se mettre debout. Mais je préfèrerais qu'il passe la nuit ici avec moi, pour que je puisse surveiller l'évolution de son état. Tu devrais rentrer chez toi, il ne se réveillera probablement pas avant longtemps.

-Je reste avec lui, même s'il doit mettre une semaine à se réveiller.

Lavande ne dit rien, ce n'était pas nécessaire. Il était heureux de voir que l'amitié existait encore au Gouffre. Il regarda Hope s'assoir à côté de son ami. Il ne savait pas pourquoi elle avait été choisie comme Pissenlit, mais il commençait à le comprendre. Elle ressemblait tant à celle dont elle prenait la place.

La Rose NoireOù les histoires vivent. Découvrez maintenant