Chapitre 39

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-Ben, tu sais, j'ai beaucoup aimé la journée d'aujourd'hui et je me dis qu'au fond, on pourrait vivre comme ça pour toujours, sans mettre le royaume sens dessus-dessous.

-Moi, tant que je suis à tes côtés, tout me va. Mais je pense que ces moments de répit que ne seront pas éternels. Tu leur as donné l'espoir d'un changement. Si rien n'est fait, dans quelques mois, le Gouffre redeviendra comme avant.

-Tu as sans doute raison. De toute manière, on est allé trop loin pour faire marche arrière. Et puis, plus rien ne sera comme avant, on a vu des gens mourir.

-Peut-être, mais on a encore le droit de vivre une vie normale. Après avoir agi, on sera libre de vivre comme on l'entend. On reviendra ici et on découvrira un Gouffre chaleureux et accueillant.

Ben pensa qu'enfin il pourrait déclarer ses sentiments à son amie. Alors qu'il marchait avec Hope, il vit de nombreuses personnes sourire à Hope, lui lever le poing en signe de soutient, la saluer. Lui, personne ne l'encourageait. Mais cela ne le dérangeait pas le moins du monde. Son rôle n'était pas d'attirer l'attention. Il préférait même se cacher dans l'ombre de Hope pour la protéger à l'abri des regards. Car, avant de sauver le royaume, il sauverait Hope.

Ben offrit un sourire à Hope et elle le lui rendit. Elle était contente et elle était persuadée qu'en cet instant, rien n'aurait pu entraver sa joie.

Mais c'est lorsque l'on s'y attend le moins que le malheur fait le plus mal.

Hope décida d'aller rendre visite à Pierre. Cela faisait un peu qu'elle n'allait pas le trouver et elle voulait s'assurer que la mésaventure d'Arthur, son nouvel ami, ne l'avait pas trop attristé. Elle alla chez Agnès, qui vint vers elle en courant :

-Hope, Pierre n'est pas avec toi ? Il a disparu, il est introuvable. Il avait dit qu'il sortait juste prendre l'air, mais ça fait déjà plusieurs heures. Hope, avec tous les gardes qui rôdent, je n'ose imaginer ce qu'il lui est arrivé.

Agnès pleurait de toutes ses larmes. Son fils avait eu la vie difficile ces temps-ci, et la situation ne faisait qu'empirer pour lui. Si ça continuait ainsi, il n'atteindrait jamais l'âge de faire la traversée. Pourtant, c'était la seule chose qu'elle avait réussi à accorder à ses enfants. Si elle ne pouvait même pas lui offrir un avenir, méritait-elle vraiment d'être sa mère ?

-Hope, je sais que tu as déjà fait beaucoup, mais je t'en supplie, retrouve mon fils.

Hope eut du mal à tenir sur ses deux jambes et Ben dut la soutenir. Elle ne pouvait imaginer comment Pierre se sentait. Il était si jeune et pourtant il avait déjà tant souffert. Pourquoi, après tout ce qu'elle faisait, le malheur continuait-il à s'abattre sur lui ? Et ensuite, que devrait-elle faire, pour le sortir de son désespoir ? L'emmener chasser ? Lui acheter un cadeau ? Lui faire des promesses ? Cela ne suffirait bientôt plus. Elle s'arma de détermination. Elle avait promis à Pierre qu'elle le sauverait encore et encore. Elle volerait toujours à son secours, comme une grande sœur l'aurait fait.

-Agnès, on retrouvera votre fils.

La lueur faiblarde du soleil couchant enveloppait le Gouffre d'une ambiance empreinte de mélancolie. Hope, le cœur serré par l'inquiétude, parcourait les rues étroites aux côtés de Ben. Hope avançait rapidement, son regard errant de tous côtés à la recherche du moindre signe de son jeune ami. Ses pas hésitants témoignaient de sa peur grandissante, mais sa détermination restait inébranlable. Elle savait que Pierre avait besoin d'elle, et elle ne reculerait devant rien pour le retrouver et le sauver.

Les ruelles sombres semblaient se refermer autour d'eux, et l'écho de leurs pas se perdait dans l'atmosphère oppressante. Chaque silence était empli de l'inquiétude d'Hope, qui imaginait déjà les scénarios les plus sombres.

La Rose NoireWhere stories live. Discover now