La Rose Noire

Chapitre 45

-Merci à tous d'être venus. Que les meilleurs combattants s'avancent pour se servir d'armes. Les autres, j'espère que vous avez réussi à trouver des outils suffisamment utiles. Reposez-vous, pour l'instant. L'opération commencera dans les prochaines minutes.

Comme le maire le lui avait demandé dans la lettre envoyée la veille, Hope se rendit à la base de la Rose Noire dans la matinée, accompagnée de Pierre. Là-bas, elle avait retrouvé Ben ainsi qu'une quarantaine d'hommes et de femmes. Hope aurait aimé voir plus de personnes, mais elle savait combien il était dur de risquer sa vie.

Hope serra son pendentif pour se réconforter. Bien qu'elle essayât d'être courageuse, elle avait peur de mourir, en ce moment. Elle n'aurait jamais imaginé combattre une telle bataille durant sa vie. Lorsque Ben vint lui mettre une main sur l'épaule, elle sursauta.

-Tu es sur tes gardes, à ce que je vois.

Ben tenta de sourire à son amie, mais son inquiétude venait assombrir sa mine. Il prit ses mains et les serra contre lui. Puis il soutint le regard de Hope :

-S'il te plaît, si tu vois que tu es en danger, défends-toi et oublie l'effet de surprise. Nous pensons que la milice ne te veut aucun mal, du moins pour l'instant, mais on ne sait jamais.

-Oui, ne t'en fais pas.

Ben renforça encore sa prise. Voir Hope s'avancer vers l'ennemi, sans personne apte à la protéger, le terrorisait.

-Hope, c'est important, vraiment. S'il t'arrivait quelque chose, je pense que je ne m'en remettrais pas. Je crois que tu es la seule personne dont la mort m'impacterait au point de ne plus avoir envie de vivre.

-Ben, ce plan, c'est le tien. Et j'ai entièrement confiance en toi. Je serais prête à y aller les yeux bandés, parce que je sais que tu es la personne la plus intelligente du Gouffre.

-Ça ne suffit pas. Si le but de la milice est de te tuer...

-Arrête, elle aurait pu le faire lorsqu'elle a assassiné Tulipe. Ce soir on pourra passer du temps ensemble. Et quand tout ça sera terminé, on sera à nouveau des amis insouciants. Plutôt, fais attention toi. Je ne pourrai plus me lever le matin sans toi.

Hope lui sourit. Elle prit la main de Pierre et ils partirent vers le lieu où la milice se tenait prête à faire une embuscade. La main de Pierre était moite et lui-même était silencieux et marchait d'une démarche peu assurée. Hope serra un peu plus sa main.

-Ça va aller, je suis avec toi. Je ne te laisserai pas mourir. Maintenant écoute, c'est important. Lorsque tu m'auras livrée, tu t'enfuiras le plus loin possible. Même chez Cédric si tu veux, il t'accueillera. Va revoir ta famille et continue ta vie normalement. Tu n'es qu'un enfant, tu n'as pas à combattre.

Pierre hocha la tête et parcourut les centaines de mètres qui les séparaient du lieu de rendez-vous avec la milice. Son pouls s'accéléra et les terribles souvenirs qui le hantaient l'assaillirent à nouveau. Lorsqu'il arriva au lieu prédestiné, sa respiration était saccadée et des gouttes de sueurs perlaient sur son front. Il leva les yeux vers Hope. La peur avait quitté son regard pour laisser place à sa détermination. Cette même détermination dont elle se servait lorsqu'elle devait venir le sauver. Mais la main qui tenait la sienne avait perdu en assurance et tremblait légèrement.

Les secondes s'écoulèrent lentement. Hope pouvait sentir le poids des dizaines de regards rivés sur elle. Elle essaya de contenir sa terreur. Elle n'était pas censée savoir qu'une horde de gardes l'attendait. Elle ralentit sa respiration et relâcha ses muscles. La Rose Noire couvrait ses arrières, rien ne lui arriverait. Soudain, un homme descendit d'un arbre à une vitesse inouïe. Hope le reconnut. C'était le garde qu'elle avait aperçu près de la mairie.