La Rose Noire

Chapitre 18

Hope rentra chez elle, satisfaite d'avoir obtenu d'autres remèdes pour sa mère. Elle avait une folle envie d'aller les lui donner et de passer encore plus de temps avec elle. Cédric lui avait dit de ne pas lui en donner trop, au risque qu'elle fasse une overdose. Savoir qu'elle avait assez de remèdes pour soigner sa mère pendant encore quelques jours suffisaient à la rassurer.

Au Gouffre, elle dut faire, une fois de plus, preuve de prudence. Partout où elle allait, elle pouvait apercevoir des gardes. Mais, grâce à Tom et Tim, elle avait appris à contourner le danger. Elle espéra seulement que les autres habitants du Gouffre le pouvait aussi.

Après avoir passé du temps avec sa mère, Hope alla chez Ben. Ils décidèrent de sortir pour passer du temps ensemble. Ils en avaient grandement besoin. De toute manière, pour l'instant, ils ignoraient ce qu'ils devaient faire vis-à-vis de la Rose Noire. Alors ils pouvaient très bien s'amuser. Ils recherchèrent, pendant plusieurs minutes, des lieux où la milice était absente. Ils auraient continué leurs recherches s'ils n'avaient entendu le cri d'un enfant.

Hope reconnut aussitôt le cri. C'était celui de Pierre. Elle se mit à courir dans sa direction, sans prendre le temps de réfléchir. Comment avait-elle pu ne pas penser à lui lorsque la milice était arrivée ? Pierre était jeune et inexpérimenté, il devait sans doute avoir du mal à éviter autant de gardes. De plus, il lui arrivait de se mettre gravement en danger pour pouvoir manger. Elle accéléra encore, elle ne devait pas l'abandonner à son sort. Elle aurait dû mieux le protéger. Elle finit par le voir. Un garde lui tenait le bras et il tentait en vain de se libérer. Le garde essayait de l'entraîner avec lui.

Ben n'en pouvait plus. Une fois de plus, Hope plongeait au cœur du danger. Ne pouvait-elle pas, une fois seulement, réfléchir un peu ou penser à elle ? Ce n'était pas le problème à présent. Il n'avait rien, lui, pour la protéger. Il n'était pas comme elle, il ne se promenait pas avec une arme. Mais il avait ses poings, ses jambes, sa tête. Il pouvait infliger des coups. Cette fois, il devait être à la hauteur.

Hope avait peur, elle était terrorisée même, mais ce n'était pas le moment de douter. Elle alluma ses yeux et voulut tant utiliser leurs pouvoirs que ses yeux lui brûlèrent. Elle n'y préta pas attention. Elle devait sauver Pierre, c'était la seule chose à laquelle elle pouvait penser. Elle fonça sur le garde plus vite que jamais, armée de son couteau, mais dès qu'il l'aperçut, il fit scintiller ses yeux bleu turquoise. Hope faillit tomber par terre. Elle commença à ressentir du doute, de l'hésitation, de la terreur et des remords. Elle avait conscience qu'on l'obligeait à ressentir cela, mais elle ne parvint pas à lutter. Elle perdit de sa vitesse et, lorsqu'elle arriva chez le garde, il la désarma en deux secondes, tout en tenant Pierre de son autre main. Il sourit alors qu'il agrippait Hope aussi.

Hope eut honte d'elle-même. Elle ne savait pas contre quelle partie d'elle-même elle était en colère : son côté casse-cou qui la mettait toujours en danger ? Sa faiblesse ? Ou encore le fait qu'elle pensait pouvoir battre l'élite ? Toute sa vie, elle avait cherché à sa battre contre les injustices représentées par la milice. Mais elle se rendait à présent compte que son ennemi était bien plus dangereux et puissant qu'elle ne le pensait. Elle devait devenir plus forte et, pour cela, elle avait besoin de la Rose Noire.

Ben regarda son amie qui n'avait rien pu faire contre ce garde. Il comprit à quel point leurs niveaux étaient différents. Si Hope n'avait pu combattre trente secondes, que pourrait-il faire, lui qui n'était même pas armé ? Il se mordit la langue. Ce n'était pas le moment d'être logique, son amie était en danger et c'est tout ce qui comptait. Il ne voyait plus que cela. Était-il, pour lui, réellement possible de vivre sans Hope ? Il savait qu'il ne parviendrait pas à la sauver, mais aurait-il envie de vivre s'il l'abandonnait ?