CHAPITRE 9

381 21 0
                                    

A 17h45, Hélène attend devant la maison où elle loge avec les trois autres filles. Elle a pris ses affaires pour la soirée, Maggy et elle se rejoindront sur place. 

La jeune femme est restée évasive sur sa destination avant la soirée, mais les autres filles n'ont pas vraiment posé de question. Marine regarde par la fenêtre et adresse un dernier signe à la brune quand elle rentre dans la berline noire qui vient la chercher. 

En quinze minutes, Hélène est devant un immense portail. Elle sonne et quelques secondes plus tard, l'immense masse d'acier s'ouvre juste assez pour laisser passer un piéton. Elle entre dans la propriété. Le stress lui fait oublier de regarder le paysage, et elle avance directement en direction de la porte d'entrée à une dizaine de mètres en contre-bas. La maison est accrochée sur le rocher et la porte d'entrée est entrouverte. Elle toque poliment et pousse la porte. Elle s'introduit dans le vestibule et pose sa veste sur un des nombreux crochets. N'ayant pas de réponse ou d'invitation elle descend la dizaine de marche qui semble mener à une ouverture lumineuse. Encore une fois elle toque contre le mur et entre.

Elle entre dans une immense pièce de près de 100m², entièrement vitrée : vue sur la mer et l'horizon. A gauche le salon avec un canapé qui fait probablement la taille de l'appartement d'Hélène, à droite la cuisine dans laquelle elle ne voit pas tout de suite Daniel. La jeune femme s'avance de quelques pas pour admirer la merveille architecturale dans laquelle elle se trouve : un mélange des maisons d'architectes des années 60 et d'un musée, le tout remis au goût du jour et agrémenter de pièces d'art. La jeune femme est subjuguée. 

Daniel, dans la cuisine, regarde la jeune femme entrer dans le salon sans bruit. Son innocence et la pureté de sa réaction face à la vue lui arrachent un sourire. Il y a bien longtemps que quelqu'un n'était pas rentré chez lui en se décrochant la mâchoire d'étonnement. Hélène lui rappelle l'espace d'un instant que tout ça est surréaliste, que l'argent qui coule sur ses comptes, que son rythme de vie, n'est pas la normalité. C'est devenu sa routine, mais ce n'est pas la vie "normal" des gens normaux, dont Hélène fait probablement partie. Daniel sourit à nouveau en pensant qu'il doit réapprendre à être étonnée, époustouflé, bluffé. 

Il reprend ses esprits quand il voit la jeune femme le fixer intensément. 

"Tu nous prépares à boire ? demande-t-elle avec le sourire.

- J'oubliais que .. Laisse tomber, dit-il en effaçant le sourire de son visage. 

- Non, non ! Pardon, je voulais pas te-

- Tu bois quoi ? Whisky ? Vodka ? Tequila ? demande Daniel en énumérant les options à la jeune femme. Non laisse-moi deviner ... Une eau à la fraise avec quelques bonbons sur le dessus et un nuage de paillettes. 

- Blessant, annonce Hélène. Mais effectivement, il est 18h et je ne sais pas vraiment où la soirée va me mener. Donc je prendrais de l'eau. 

- La soirée ! Vrai, ricane Daniel en servant un immense verre d'eau à Hélène qui pense sincèrement réhydrater le continent africain avec. Tu vas t'é-cla-ter ! 

- Je ... Oui, certainement. 

- J'ai donc réussi à te faire perdre ton beau sourire. Tu vois, tout le monde n'est pas parfait ! ricane le pilote en désignant le grand canapé. On s'assoit là ? 

- Oui"

Hélène s'apprête à enlever ses escarpins pour marcher sur le tapis, mais Daniel l'en dissuade. Elle s'assoit en face de lui avec un grand sourire et rabat une jambe sous l'autre tout en veillant à ne pas entrer en contact avec le tissu du canapé. Daniel ne peut s'empêcher d'apprécier ses bonnes manières et la bonne éducation dont la jeune femme semble se nourrir. 

Elle le regarde dans les yeux. Elle n'a pas honte, elle n'a pas peur, elle semble légèrement perdue mais son sourire se lit aussi dans ses yeux ! Elle a les yeux vert, un très joli vert qu'on voit rarement, ses sourcils sont parfait et ses joues sont roses. Elle est légèrement maquillée et sa robe met en valeur son corps entretenu, certainement pas des séances de sport hebdomadaires. 

"Alors, qu'est-ce que tu veux savoir ? demande le pilote dans un souffle. 

- Je suis venue ce week-end, en Hongrie. 

- MasterClass ! crie le pilote en ricanant et en levant sa bière avant de boire. 

- Pardon ? demande Hélène confuse. 

- Un enfer. J'aurais préféré que tu ne vois pas ça ... 

- C'est en partie à cause de "ça" que je suis là, non ?

- Oui, c'est pour faire oublier "ça". 

- Daniel, je suis désolée. Mais ...

- Qu'est-ce qu'il y a ? demande le jeune homme en se levant pour aller se coller derrière la vitre et regarder l'horizon. Tu veux déjà laisser tomber ? Très bonne décision. Ça va dans le mur cette affaire. T'inquiète il sauront bien me retrouver une autre "fake" ou une autre idée à la con pour faire oublier tout "ça" ! 

- NON ! C'est absolument pas ce que j'allais dire, assure la jeune femme de mauvaise humeur en se levant et en contournant le canapé pour se retrouver au milieu du salon. T'as toujours l'air de savoir mieux que moi. T'es comme ça avec tout le monde ? Parce que c'est marrant deux minutes, mais ça va rapidement m'énerver ! 

- Elle s'énerve ! C'est donc notre première dispute de couple, ironise Daniel. On pourrait peut-être immortaliser ça en documentant avec un selfie ! On pourrait le poster sur les réseaux sociaux avec une ribambelle de hashtag et de partenaires. Qu'est-ce que tu en penses ? 

- C'est pas ce que j'allais dire. j'allais te proposer d'être alliés plutôt que en confrontation direct. J'allais te proposer d'être ton amie et de penser à autre chose que tout ce pourquoi on est là tous les deux. Mais tu sais quoi, t'as raison. Va te faire foutre. Tu veux l'entendre ? Et bah je le dis : TU ES UN SALE CON, hurle la jeune femme en attrapant son sac à main sur le fauteuil. J'ai pas besoin de ça. Je suis fatiguée, je suis stressée et toi tu rajoute à tout ça uniquement du négatif. Bonne bière à toi. 

- Tu vas où ? demande Daniel impressionné par la tirade de la jeune femme. 

- Loin de toi, dit-elle en se dirigeant vers les escaliers. 

- On a un contrat, lui rappelle Daniel pour l'agacer. 

- Oui, et moi je m'apprête à aller remplir ma part. Et toi ? demande Hélène en se retournant et en croisant les bras sur sa poitrine. Te bourrer la gueule seul pour oublier ta vie médiocre dans une bulle de luxe ?"

A cet instant, Daniel ne peut s'empêcher de trouver Hélène terriblement mignonne, avec sa petite mou énervée et sa volonté de sortie théâtrale. Il a appris la leçon : ne pas ruer dans les brancards avec cette jeune femme, elle a de la répartie et il ne la calmera pas avec une partie de jambes en l'air. Il prend quelques secondes pour la regarder. Sa petite robe noire est plutôt serrée, elle met en valeur une modeste poitrine, de jolies fesses musclées mais surtout des jambes sublimes et bien bronzées. Elle a le corps d'une femme qui s'entretient et son porté de tête est digne d'une grande danseuse. Son visage est très doux, d'une forme ronde et ses yeux sont en amande. Elle a la dentition blanche et bien rangée, probablement aidée par de l'orthodontie. Elle porte des bijoux discrets et un sac à main griffé, que Daniel devine être un cadeau de l'agence. 

"Tu vas rester planter la longtemps, demande-t-elle en sortant Daniel de sa reverie. 

-Euh, je- C'est à moi

- Oui ! C'est à toi, je viens de... TU M'ÉCOUTES ? demande la jeune femme désabusée. 

- Oui, je- OK STOP. Tu me troubles. Je ne sais pas quoi dire ou quoi faire. Je dois te retenir, c'est ça ? demande le pilote. 

- Tu me demandes si tu dois me retenir ? Mais qui es-tu ? D'où viens tu ?

- D'Australie.

Une Histoire de Bonne PresseTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon