CHAPITRE 54

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Hélène est allongée sur le dos, elle a les yeux fermées et le goût du fruit sucré en bouche. Elle respire comme on lui a appris dans les cours de gestion du stress : on inspire très fort par le nez en gonflant le ventre, on bloque quelques secondes puis on expire par la bouche de manière régulière en dégonflant le ventre. Au bout de 4 schémas, la respiration devient automatique. Elle est bien. Elle est paisible. 

"Hélène ?"

Cette voix, elle la reconnait entre cent. C'est celle de Daniel. Elle a atteint un tel niveau de plénitude et de décompression qu'elle l'entend dans sa tête. Elle continue à inspirer, expirer. Maintenant que le mouvement est mécanique, elle se concentre : elle expulse le maximum d'air possible. Son ventre est comme aspiré et elle colle au maximum ses reins sur la couverture. Elle a l'impression d'être dans un nuage de coton. Son corps est léger et décontracté. 

Cela fait plusieurs jours qu'elle vient faire ces exercices de respiration dans le jardin de ses parents et tous les jours elle en ressent les effets bénéfiques. Elle dort mieux, elle se sent mieux. Ses parents l'ont félicitée. Ils pensent qu'elle oublie tout, qu'elle met derrière elle tout cet été absolument délirant. En réalité, quand elle est allongée là, seule. Elle a toujours l'impression que Daniel n'est pas loin. C'est parce qu'elle a l'impression de ressentir sa présence, qu'elle est bien. 

"Hélène ?"

La jeune femme sourit. Elle continue ses exercices de respirations. La voix de Daniel semble se rapprocher, elle ressent des frissons dans tout son corps. C'est à ce moment qu'elle sait qu'elle a atteint le meilleur moment de sa relaxation. 

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Daniel sert la main du père d'Hélène en se levant, il adresse ensuite son plus beau sourire à la mère de la jeune femme qui essuie une larme. Le pilote désigne la porte-fenêtre de la cuisine et elle acquiesce. 

 toute à l'heure, merci, annonce le pilote. 

- Bonne chance ! lui répond le père d'Hélène. Donne tout !"

Daniel réajuste son tee-shirt nerveusement et se dirige vers l'arbre que lui ont indiqué ses hôtes, au fond du jardin. Rapidement, il voit la silhouette de la jeune femme couchée dans l'herbe. Il ralentit le pas, son cœur accélère. Et si elle l'envoyait tout bonnement bouler ? Et si c'était réellement fini ? Il arrive à quelques mètres de la jolie brune, elle a les yeux fermés et ne s'attend pas du tout à avoir un visiteur, même si son père lui a annoncé la présence de "quelqu'un pour elle", il y a plus d'une heure. 

Hélène n'ayant pas voulu les rejoindre, alors Daniel a passé seul de longues minutes à discuter avec ses parents pour tenter de comprendre pourquoi la jeune femme avait fui et pourquoi elle ne répondait pas à ses messages. Des deux côtés de la table l'incompréhension est réelle et les angoisses de Daniel ont été calmées par un grand verre de jus de pomme maison. Poussé et encouragé par les grands sourires et l'hospitalité incroyable des parents de la jolie brune, Daniel a rassemblé son courage et en sorti, pour retrouver la jeune femme. 

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Hélène ne bouge pas, Daniel voit sa poitrine se lever au rythme de sa respiration, il tente de calquer son rythme sur le sien. La jeune femme est sublime, il regarde ses longues jambes avec ses pieds toujours parfaitement vernis. Ses joues sont rouges et ses cheveux sont remontés dans un chignon visuellement incontrôlable. Hélène a toujours voulu se couper les cheveux courts, mais l'Agence lui a toujours déconseillé : elle était une experte quand il s'agissait de parler de soin et d'entretien de sa belle chevelure. 

Doucement, Daniel s'accroupie. Du dos de la main, il caresse le bras de la jeune femme, qui ne réagit pas et semble rester dans une bulle qu'elle a créé. Le pilote sourit. Délicatement il s'allonge, pour ne pas brusquer la jeune femme, il pose doucement sa tête à côté de celle d'Hélène : si elle tournait la tête et ouvrait les yeux, elle verrait Daniel souriant, à l'envers. Pour ne pas effrayer la jeune femme l'australien avait décidé de s'allonger dans l'autre sens. Il patiente, quelques secondes et souffle légèrement sur le visage de la française. Elle bouge légèrement sa tête et continue de sourire. 

Daniel se rapproche légèrement, de quelques centimètres et de l'aide de sa main droite caresse légèrement les cheveux d'Hélène. C'est à ce moment que la jeune femme réalise qu'elle n'est pas seule. Elle se concentre pour garder ses yeux fermés. Rapidement elle rassemble ses idées : elle sait. Elle sait que Daniel est là, pour de vrai cette fois-ci. Elle sent son léger parfum, elle sent son odeur, elle sent sa présence. 

Du bout du pouce Daniel essuie une larme qui coule le long de la joue de la jeune femme qui vient de se tourner légèrement pour lui faire face, les yeux toujours fermés. En une seconde, il embrasse son front et se relève, pour se repositionner dans l'autre sens, à quelques centimètres du corps d'Hélène, qui continue de pleurer en silence. 

"Ouvre les yeux, implore Daniel en chuchotant. S'il te plait."

Le cœur de Daniel manque un battement quand la jolie française ouvre ses magnifiques yeux verts dessinés en amande. Gorgés d'eau, ses magnifiques émeraudes sont sublimés. 

"Tu es si belle ...

- Tu es là ? articule la française. 

- Je suis là."

Hélène dépose sa main sur la joue de Daniel qui cherche au maximum le contact de leur deux peaux. A son tour, il ferme les yeux pour s'imprégner de ce moment qu'il a tant désiré ces derniers jours : il ne vivait que pour une chose, retrouver Hélène ; se retrouver au même endroit que Hélène. 

"Il faut qu-

- On va parler, la coupe Daniel. Mais d'abord : laisse-moi te prendre dans tes br-"

Le pilote n'a pas le temps de finir sa phrase que la jeune française à combler d'un coup de rein l'espace entre leurs deux corps. Elle cale son son visage contre le torse du pilote et emmêle ses jambes aux siennes. Dans la force du mouvement, Daniel perd l'équilibre et se rattrape tant bien que mal avant d'enlacer de ses bras musclés le corps entièrement secoué de sanglots de la jeune femme. 

Ils resteront pendant plus de 30 minutes collés l'un à l'autre sans rien dire. Plusieurs fois la jeune femme gesticule pour se rapprocher au mieux de Daniel. Plusieurs fois, Daniel embrassera son front, sa joue ou sa main. 

"Il faut quand même qu'on parle, chuchote Hélène que Daniel serre encore plus fort contre elle. Il le faut ... "

Une Histoire de Bonne PresseWhere stories live. Discover now