Une Histoire de Bonne Presse

CHAPITRE 58

"Ça va ? demande Hélène dans l'ascenseur. 

- Je suis vidé ! rigole le pilote en lui donnant la main. 

- Y'a de quoi ! Ça fait une heure que tu argumentes et que tu rames ... 

- Pour toi ! 

- Merci, rougit la jeune femme en regardant Daniel droit dans les yeux.

- Attention à ton téléphone, ricane le pilote alors que les portes de l'ascenseur de l'Agence s'ouvrent. 

- Bonne mémoire. 

- Je me souviens de tout ! De chaque seconde de notre rencontre. 

- Ah bon ? 

- Oui, assure Daniel. Viens."

Il attrape la main de la jeune femme, qui le suit, curieuse de connaître leur destination. Il y a encore quelques semaines, ils n'auraient pas eu l'autorisation d'être ensemble dans les rues de Londres, et encore moins l'autorisation de s'asseoir sur le bord de la fontaine de Trafalgar Square, comme lui propose Daniel. 

"T'es sûr ? Il y a du monde, on pourrait ..

- J'ai jamais été aussi sûr. Assieds-toi. 

- Je ...

- Attends. C'est moi qui parle, ok ?

- Tu me fais absolument flipper. 

- T'inquiète, sourit le pilote en repositionnant une mèche de cheveux de la jeune femme. Je me souviens de tout, parce que le jour où je t'ai vu à l'Agence, en train de tenter d'exorciser l'ascenseur. J'ai su ...

- Tu as su quoi ? 

- Que j'allais follement tomber amoureux de toi. 

- Je- Tu-

- Mais je savais qu'il fallait que je te protège. 

- Moi ? Pourquoi ? 

- Parce que l'idée de Blake, de m'inventer une relation pour faire oublier mes performances, n'était pas novatrice. C'est utilisé dans bien des domaines ... Et l'Agence savait, par expérience, que c'est TOI qui en ferais les frais. 

- Vous saviez ? Tout ce qui allait arriver ? 

-  Bien sûr. Dans les réunions de préparation, on avait abordé plusieurs fois le sujet. C'est pour ça qu'ils t'ont choisi. Bref peu importe. T'étais là, dans le hall pour la première fois en face de moi et j'ai eu peur. Tu m'as fait peur.

- JE-

- Directement, j'ai compris pourquoi ils parlaient de "caractère", tu m'as remballé comme il le fallait, sans même savoir qui j'étais. 

- Je ne savais pas ce que l'Agence allait me proposer. Je pensais que JE les intéresser. Moi, mon style, ma personnalité. 

- En réalité c'était-

- Pas ça tu tout. 

- Oui, avoue Daniel gêné. Et si j'avais vu tes photos et qu'on m'avait briefé sur toi, quand je t'ai vue en vrai, je- Je sais pas, tout dans ma tête s'est mélangé et le seul mécanisme de défense : c'était l'attaque. 

- Tu ne m'as pas épargnée.

- Non, et comme tu peux t'en douter : Blake me galvanisait ! 

- Et après ? demande Hélène en se rapprochant discrètement de Daniel, pour attraper sa deuxième main.

- Et après, j'ai fait le con. J'ai été con. j'ai tout fait pour te repousser ... Et tous les jours tu étais patiente avec moi, tu m répondais avec le plus grand des calmes et tu savais exactement quand t'effacer pour me laisser de l'air. Et tous les jours je me disais "mais qu'est-ce que tu as fait ma pauvre Hélène pour te retrouver dans cette situation, avec moi ?"