Une Histoire de Bonne Presse

CHAPITRE 52

L'été avance doucement dans la campagne des Vosges et Hélène profite de ses parents et de certains amis quelle a pu retrouver. Elle n'a aucune nouvelles de Daniel, pas un message, pas un texto, pas un "J'aime" sous une de ses photos Instagram. Hélène sait que cette histoire est finie, elle tente tous les jours un peu plus d'aller de l'avant et d'oublier. Aujourd'hui elle a rendez-vous avec l'Agence en visio, pour faire le point sur ses propres contrats. 

"La photo avec "Daniel" sera publiée dans la journée, annonce l'attachée de presse en miment des guillemets. 

- C'est parti pour le déferlement d'insultes, soupire Hélène. 

- Tu as l'habitude ... 

- Je m'y suis habitué ! 

- On a un contrat pour toi : à Nice.

- Non.

- Pardon ? demande Julie étonnée. 

- C'est aussi pour ça que je voulais vous parler ... 

- Parle ! s'énerve l'attachée de presse qui ne comprend pas le ton hésitant de la jeune française. 

- Je veux arrêter."

Une larme coule sur la joue de la jeune femme, alors qu'elle réalise qu'elle met derrière elle une année entière d'efforts pour modeler, animer et créer son image sur les réseaux. 

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🅖🅞🅢🅢🅘🅟 🅕🅞🅡🅜🅤🅛🅔➊
"Daniel a toujours été hyper discret pendant le summerbreak, mais maintenant qu'il est avec Hélène, on risque d'avoir pas mal de clichés ! CANT'WAIT !""
"ILS SONT OÙ ? 10 jours de break et toujours pas de nouvelles ... À moins : c'est eux qui expérimentent le break ? #RUPTURE"
"On attend, patiemment des images de Daniel en maillot de bain (et de l'autre sangsue évidemment). Aucun paparazzi n'a donc trouvé leur villa de vacances ? "

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Le compte d'Hélène est en "sommeil" depuis quelques semaines, elle ne poste que des photos prises des semaines à l'avance. Elle ne poste quasiment que des choses pour lesquelles elle est rémunérée, dans son esprits comme dans les commentaires, le constat est le même : elle a perdu la passion qui l'animait au début de son aventure sur les réseaux. 

"Comment ça "arrêter" ? demande étonnée l'attachée de presse. 

- Je ne veux plus ...

- PLUS QUOI ? s'énerve Julie qui sent certainement, encore, les problèmes arriver pour elle. 

- Poster, me prendre en photos, faire la promo de produits qui ne me correspondent même pas ... Je veux arrêter tout ça. 

- Mais c'est pour ça que tu nous payes : pour gérer tout ça pour toi ! Si tu arrêtes, tu nous payeras "pour rien". 

- Alors j'arrête aussi avec vous ... chuchote la jeune femme. Je suis désolée ... Je ne peux plus. 

- Hélène, je- Tu me prends de c'. Écoute, j'ai bien compris ta demande. Laisse-moi voir de mon côté et je te rappelle."

Hélène n'a pas le temps de répondre, Julie a déjà raccroché. La jeune brune soupire et laisse son téléphone sur sa table de nuit pour rejoindre en bas ses parents pour le déjeuner. 

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"On dirait réellement qu'on est en vacances ensemble, souffle Daniel en remettant ses lunettes de soleil.

- Ouais, ils savent ce qu'ils font ! lui répond Blake en sirotant un cocktail bien trop bleu pour être naturel. 

- Je-

- Arrête, ne dis rien : tu dois te la sortir de la tête !

- On vient de passer un an quasiment collé l'un à l'autre ... t'effaces pas une personne comme ça de ton esprit ... 

- Je t'avais dit de garder tes distances. 

- Et j'ai pas réussi ... Je t'assure, je ne comprends absolument pas ce qui est en train de se passer. Un jour je suis à deux doigts de lui dire qu'on arrête tout ce "cinéma" parce que je l'aime réellement et le jour suivant, elle ne donne plus de nouvelles et disparait. 

- Tu ferais mieux de ranger ton téléphone et de profiter un peu de tout ça ! rigole Blake en tentant de prendre le téléphone des mains du pilote. 

- Je devrais peut-être ...

- Peut-être rien du tout ! On va s'en tenir au plan : profiter des vacances et revenir en pleine forme à la rentrée !"

Elle ne lui a jamais écrit. Son dernier message date du lundi juste après la dernière course. 

✉ 𝚃𝚞 𝚏𝚊𝚒𝚜 𝚚𝚞𝚘𝚒 ?????? 𝙹𝚎 𝚜𝚞𝚒𝚜 𝚙𝚛𝚎̂𝚝𝚎 !

Daniel, en pleine préparation d'une interview n'a pas répondu, pensant que la jeune femme s'était simplement trompée de destinataire. Blake réussi à attraper son téléphone et à le poser sur la petite table à côté d'eux. Daniel met ses lunettes et profite du soleil en songeant à Hélène. 

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Hélène prépare ses entretien de septembre avec beaucoup de rigueur, prête à entrer sur le marché du travail. Elle profite également de ses vacances qui pourraient bien être les plus calmes et les seules pendant un long moment. Il fait 34 degrés et elle est installée sous un mirabellier. La récolte commence demain, avec une légère avance sur l'agenda. 

Ce fruit jaune et sucré qu'elle chérit depuis sa tendre enfance est la chose qu'elle attend le plus depuis qu'elle est enfant. Il lui rappelle qu'il faut profiter de la fin de l'été, avant la rentrée et le retour sur les bancs de l'école. Soucieuse elle regarde les fruits jaunes au-dessus de sa tête. Et si ils n'étaient pas sucrés ? Si les fruits prêts trop tôt avaient un goût d'amertume ? Si comme elle, les fruits avaient passés un été atroces et devaient alors complètement se réinventer pour commencer une nouvelle année ? 

Hélène secoue la tête, elle boit un coup et réajuste son chapeau. Il ne faut pas prendre un coup de chaud ! Elle se réinstalle. Au bout de dix secondes elle se relève précipitamment : impossible de rester sur autant de questions. 

Elle lève de nouveau la tête et tente de choisir une mirabelle : il est grand temps d'être fixée sur leur goût ! Elle tend le bras et arrache un fruit de l'arbre. Elle l'inspecte : pas d'aspérité, pas de trous. Elle ouvre l'or jaune de Lorraine et enlève le petit noyaux qu'elle lance dans l'herbe : pas de petite bête indésirable à l'intérieur. Elle s'apprête à gouter le fruit quand elle entend une voix l'appeler au loin : 

"Hélène !"