CHAPITRE 44

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Le Grand Prix de Monaco est long. Hélène s'ennuie. Elle zone devant la TV comme si regarder les voitures l'intéressait. Il n'en est rien : les commentaires sont agréables mais elle ressent la peine de Daniel qui doit les regarder depuis le garage. 

Qu'il est faux ce sourire qu'il adresse à la caméra, qu'elles sont idiotes ces suppositions que les journalistes font sur son avenir et que les commentaires sur les réseaux sociaux à l'égard de sa prétendue petite-amie sont difficiles à digérer. 

Alors que toute la principauté est habillée de luxe et parée de bijoux et d'accessoire qui valent le prix de maisons, Hélène est affalée dans le canapé dans un jean sale et taché, avec un pull qu'elle trainent depuis jeudi. 4 jours dans les mêmes vêtements, à recevoir quelques photos de la part de Daniel et à attendre son retour. 

La nuit dernière, ils se sont presque croisés dans le lit. Il est rentré à 5h30 et elle était réveillé à 6h30. Elle a quitté le lit pour laisser le pilote récupérer avant sa journée dans le paddock. Discrètement, elle attrape les vêtements que Daniel a laissé dans l'entrée de la chambre pour ne pas faire de bruit et elle descend dans la buanderie pour lancer une machine. 

Quand elle remonte, elle aère le salon en ouvrant la grande baie vitrée et lance la machine à café. Sur la table du salon, un immense bouquet de fleurs trône. Elle attrape la petite carte. 

𝙃𝙚́𝙡𝙚̀𝙣𝙚,
𝙙𝙤𝙢𝙢𝙖𝙜𝙚 𝙦𝙪𝙚 𝙩𝙪 𝙣𝙚 𝙨𝙤𝙞𝙨 𝙥𝙖𝙨 𝙥𝙧𝙚́𝙨𝙚𝙣𝙩𝙚 𝙘𝙚 𝙬𝙚𝙚𝙠𝙚𝙣𝙙.
𝙅𝙚 𝙨𝙤𝙪𝙝𝙖𝙞𝙩𝙚𝙧𝙖𝙞𝙨 𝙩𝙚 𝙥𝙖𝙧𝙡𝙚𝙧, 𝙖𝙫𝙚𝙘 𝘿𝙖𝙣𝙞𝙚𝙡.
𝙋𝙧𝙤𝙛𝙞𝙩𝙚 𝙙𝙪 𝙘𝙖𝙡𝙢𝙚, 𝙣𝙤𝙪𝙨 𝙤𝙣 𝙨'𝙤𝙘𝙘𝙪𝙥𝙚 𝙙𝙚 𝙡'𝘼𝙪𝙨𝙩𝙧𝙖𝙡𝙞𝙚𝙣.
𝘾𝙝𝙧𝙞𝙨𝙩𝙞𝙖𝙣

La jeune femme est étonnée. Elle demandera des explications à Daniel plus tard. Elle enfile des chaussures et une veste et file boire son café à l'extérieur. Le ciel est menaçant : la course se fera sous la pluie, c'est évident. Elle appelle ses parents en Facetime : ils sont en weekend sur les bords du lac de Gérardmer. Le temps est magnifique ... elle aurait dû rentrer ce weekend, pour ne pas vivre de manière complètement décalée la ferveur du Grand Prix. 

Elle se sent comme un lion en cage. Elle est restée pour soutenir Daniel, mais Daniel n'a besoin d'une seule chose : disparaître. Il vit très mal ce Grand Prix à quelques kilomètres de la maison. C'est déroutant de rentrer dormir dans son lit et de repartir passer la journée dans un endroit où il peine à trouver sa place ... 

"Bonjour ! 

- Déjà ? s'étonne Hélène en tournant la tête. 

- Il va pleuvoir ...

- J'en ai bien l'impression. 

Sale temps pour les pilotes ...

- Tu veux un café ? demande la jeune femme pour changer de conversation.

- Oui, mais à l'intérieur ! "

Daniel tend la main à Hélène qui l'attrape pour se relever du transat sur lequel elle était installée. Une fois à l'intérieur, il referme la baie vitrée et jette un coup d'oeil au magnifique bouquet. 

"Tu penses qu'il sait ? 

- Qu'il sait quoi ? demande la jeune femme. 

- Pour nous ...

- Ça pose problème. 

- Non non, mais généralement ce sont les équipes qui sont à l'origine de "tout ça", dit-il avec un grand geste. 

- Si il sait, alors on pourra en parler avec lui et voir ce qu'il veut ... 

- Et s'il ne sait pas ?

- Alors il n'a pas a savoir, répond la jeune femme assurée. Ça va ?

- Oui, pourquoi tu demandes ça ? 

- Parce que d'habitude, c'est toi qui me rassures ... 

- Je suis désolé. 

- Ça ne va pas, je le sais. Assieds-toi.

- J'ai hâte d'en finir ... C'est long. 

- Je sais. tu dois y être pour qu'elle heure ? 

- 11h. 

- Il nous reste un peu de temps ... tu veux regarder un film ? 

- Hum ... répond Daniel en baillant. 

- T'es crevé ... 

- Oui, je sais.

- Et si on allait se recoucher, juste un peu ? 

- Tu viendrais avec moi ? 

- Bien sûr !"

︵‿︵‿︵‿︵‿︵

Le réveil sonne à 10h40. Hélène est complétement coincée par l'étreinte de Daniel qui refuse de bouger. Elle sourit, il ont redormi presque 3 heures. Elle tend le main vers l'arrière et chatouille délicatement Daniel, qu'elle sent sourire contre son omoplate. 

"Debout, bonhomme. 

- Non. 

- Si ! 

- Non !"

La jeune femme gigote et réussit à échapper à l'emprise de Daniel pour se retourner et lui faire face. Il a les yeux ouverts et souris comme un enfant heureux. Elle repositionne une mèche de ses cheveux retombée sur son front et lui offre elle-aussi son plus beau sourire. 

Les yeux dans les yeux, ils passent de longues secondes à se fixer, les corps accrochés et les cœurs affolés. 

"Tu sais pourquoi je veux pas y aller ? 

- Non, mais j'ai l'impression que tu vas me le dire ... 

- Parce que ça veut dire que je vais VOIR le grand prix, dit-il en insistant sur le mot "voir". 

- Oui ... Je comprends pas où tu veux en v- OH !

- Je préfère les Grands Prix à la maison ces derniers temps ... 

- Parce que Grand Prix à la maison égal Sexe ?

- C'est très cru, mais c'est très vrai ! rigole le pilote. 

- Mais, je pensais que Monaco, c'était un peu ton "grand prix à la maison".

- Ça l'est mais- OH ! C'est une proposition ? 

- C'est une promesse, lâche la jeune femme en frottant son nez contre celui de Daniel. Maintenant debout ! 

- Tu parles à qui là ? parce qu-

- Daniel !"

Hélène se relève subitement, pour cacher un petit sourire de victoire. Derrière elle, elle est persuadée que Daniel affiche aussi un grand sourire. Elle se lève et sent Daniel en faire de même. En courant, il l'a dépasse et s'enferme dans la salle de bain. 

"Si t'es attendu à 11h, il faudrait peut-êtr-

-T'inquiète, je suis sur le coup, crie Daniel en sortant habillé aux couleurs de RedBull. 

- Un café ? crie Hélène depuis la cuisine. 

- À emporter, hurle de son côté le jeune homme, ce qui a pour effet d'arracher un immense sourire à la jeune femme. 

- Un café pour Monsieur, dit-elle en lui tendant une thermos chaude.

- Un baiser pour Madame !"

Daniel embrasse la joue d'Hélène et monte 4 à 4 les marches qui le sépare de la porte d'entrée. Une voiture klaxonne devant et il adresse un dernier clin d'œil à Hélène avant de refermer la porte derrière lui. 



Une Histoire de Bonne PresseWhere stories live. Discover now