Une Histoire de Bonne Presse

CHAPITRE 46

"Ils ont tout gaché ... déplore le pilote en posant sa valise dans l'entrée. 

- Je sais, chuchote Hélène.

- Ils devaient l'annoncer après !

- Je sais ... 

- J'ai même plus envie de rouler.

- T'es pas un peu dramatique là, demande la jeune femme en s'approchant de Daniel. 

- Non !

- D'accord ! Ok ! blague la jeune femme en mettant les mains en l'air. Moi je voulais simplement aider et te faire penser à autre chose. 

- Non, recule pas ! 

- Je voudrais pas gêner ta Grande entrée, blague la jeune femme. 

- Pardon, excuse-moi. On recommence ? 

- Depuis quelle partie ? 

- Je crois que pour me faire pardonner, j'ai intérêt à recommencer depuis le portail, non ? 

- Oh allez ! N'importe quoi, râle la jeune femme en ouvrant grand ses bras. Est-ce que je peux avoir un câlin ?

- Plutôt cent fois qu'une ! J'ai l'impression de pas t'avoir vu depuis des semaines ... valide Daniel en soulevant la jeune femme et en calant son nez dans ses cheveux. Tu m'as manqué !

- En voilà des sages paroles ... !"

Daniel repose Hélène au sol et la jeune femme encadre le visage du pilote de ses mains. Elle lui sourit franchement et il n'a vraiment aucune autre solution que de lui rendre. Le jeune homme attrape à son tour le visage de la jeune femme. Leur yeux sont accrochés pendant de longues secondes et Daniel est le premier à bouger pour frotter son nez sur celui de la jeune femme. 

"On mange quoi ? demande l'australien. 

- Tu nous as rapporté quoi ? lui répond la française. 

- Ah ? Rien. 

- Alors je vais sortir la salade composée du frigo, annonce fièrement la jeune femme ravie d'avoir piégé le pilote. Viens ! Assieds-toi."

Hélène précède Daniel et apporte la salade sur la terrasse. Les deux jeunes gens mangent et se racontent leur semaine pendant une bonne heure. 

"Tu sais ce qui m'a manqué ? 

- Moi, répond fièrement la jolie brune. 

- Un truc m'a manqué encore un peu plus, annonce Daniel en se levant.

- Oh ! rigole Hélène en réalisant de quoi parle le pilote. Mais c'est uniquement les jours de Grand Prix ... 

- Oui, mais quand j'étais en Autriche, on s'est rattrapé le lundi ... Donc on a jamais "sauté" un weekend .. 

- Merveilleux jeu de mot : tout en douceur et vraiment très accrocheur. Merci Daniel, annonce avec beaucoup de sarcasme la jeune femme, en se relevant elle aussi. 

- Hélène, s'excuse précipitamment Daniel. Je ...

- Au prochain Grand Prix, tu seras dans la voiture ... Et donc ça ne marchera plus comme deal.

- Parce qu'il y avait un deal ? s'offusque le pilote en rigolant. Pour ça aussi, il y avait un contrat ? 

- Déjà, on a dit qu'on prononçait pas le mot .. et ensuite oui, tacite ! Tu n'arrivais pas à regarder les Grands Prix à la TV, donc on a trouvé à s'occuper ...

- Faux ! Monaco ... défie le jeune homme. 

- Parce que tu ne voulais pas sortir du lit ... 

- ... alors tu m'as promis du sexe ! 

- Oui, alors si tu le dis comme ça : c'est pas très glorieux ... Daniel ? 

- Oui ? répond timidement le pilote. 

- Tu veux du sexe ? 

- Oui ! Bien sûr ! répond Daniel du tac au tac. Évidemment !

- Avec moi ? 

- Avec qui d'autre ! Bien sûr : avec toi. 

- Alors prends-le ! termine la jeune femme avec un clin d'oeil. Oh !"

Daniel n'a pas vraiment attendu la fin de la phrase, pour soulever la jeune brune par les jambes et l'emmener à l'intérieur. Quand il la lâche sur l'immense lit de la chambre, elle retrouve dans ses yeux, une flamme qu'elle n'avait pas vu depuis quelques temps. 

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Et cette flamme, Hélène ne la reverra pas de sitôt. La pression de l'annonce est immense pour Daniel qui enchaine les interviews et les appels, il passe du temps sur le simulateur qu'il a installé dans le bureau. Son teint est fatigué, gris et la pression monte. Il a 15 jours pour se préparer réellement à monter dans la voiture entre le Grand prix de Silverstone et celui de Hongrie. Daniel est stressé, tendu voire même de mauvaise humeur. 

L'Agence arrivera sans problème à mettre l'ultime coup de massue à Daniel et Hélène. 

"Hélène, pas de communication pendant le Grand prix, ni même rien d'ici là, annonce l'attachée de presse. 

- Et pourquoi ? demande la jeune femme consciente qu'un deal était tout proche de se signer avec un annonceur de montres. Si je me "tais" alors je le perds, vous le savez ... 

- Hélène, c'est du business. 

- Oui, mais ...

- D'accord, ma première réponse ne te va pas, alors assieds-toi bien et écoute celle-ci, s'énerve l'attachée de presse de l'autre côté de l'écran. Tu es au service de Daniel. Tu es là grâce à lui, tu es bankable parce que les gens te pensent avec lui. Cette semaine, on a besoin que tu t'effaces pour laisser place à son image. On a réussi notre pari, on doit capitaliser. Daniel est sur le devant de la scène, on a pas besoin d'une potiche pour l'éclipser. 

- Mais je suis un de vos talents, vous devez me ...

- ... on ne doit rien. Tu nous dois tout. Quelqu'un d'autre à une question, pertinente ? s'impatiente l'attachée de presse, alors que Daniel pose sa main sur la cuisse d'Hélène, pour lui signifier qu'elle doit se calmer. Parfait. Prochain point après le Grand Prix. C'est la meilleure conclusion de contrat jamais réalisée, bravo à tous.

- Hélène, chuchote Daniel en refermant l'ordinateur. Je- je suis désolé. 

- T' y es pour rien ... Laisse tomber. J'ai pas envie d'en parler, lance la jolie brune. 

- Hélène ... 

- Non."

La jeune femme attrape son ordinateur et les colis dans l'entrée et fonce vers la chambre. Pour se calmer, elle fait des colis de produits, qu'elle envoie à Marine et à ses cousines. Ses placards regorgent d'affaires qu'elle a mise une seule fois et qu'elle ne mettra plus jamais. 

Dans son dos, elle sent Daniel qui s'est appuyé contre l'encadrement de la porte. 

"Ca ne sera plus jamais comme avant ... chuchote-t-il. 

- La course reprend, le contrat s'arrête ... 

- Il faudra qu'on ait une vraie conversation, alors ...

- Il le faudrait. 

- Je dois aussi me concentrer, sur la course. 

- Oui, je sais."