Chapitre 2

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Le train arriva, comme de coutume, avec du retard. La gare était bondée, malgré l'heure tardive. Bucarest était une de ces villes qui ne dort jamais. Cat et ses amies se faufilèrent tant bien que mal dans la foule en traînant leurs bagages derrière elles. Elles prirent le métro, et rejoignirent enfin l'endroit où elles allaient passer la nuit. Elles avaient choisi de dormir chez l'habitant, pour mieux découvrir la culture roumaine. Cependant, le voyage ayant été improvisé au dernier moment, elles avaient dû se contenter de ce qu'elles avaient trouvé, à savoir une seule nuit chez un vieux couple habitant la capitale, puis 2 autres nuit dans un appartement en banlieue, loué par son propriétaire pendant ses vacances. Malgré l'heure avancée, leurs hôtes les accueillirent à bras ouvert. Ils leur servirent un repas traditionnel, à base de "mamaliga", accompagné de fromage ainsi que de saucisses grillées et de champignons. Cependant, il s'avéra très difficile de communiquer. L'homme et la femme ne parlaient pas un mot d'anglais, et Cat ne comprenait que quelques rares mots de roumain. Elles arrivèrent cependant à comprendre que ce qu'elles avaient mangé était fait de maïs, entre autre, et que cela avait constitué la base de l'alimentation en Roumanie durant longtemps, l'équivalent du pain pour les français. Les difficultés de compréhension entre les voyageuses et leurs hôtes apportèrent quelques quiproquos qui se transformèrent vite en fous rires. Malgré l'absence de mots, tous discutèrent, ou du moins, communiquèrent ensemble. La vieille femme semblait intriguée par le prénom de Cat, celle-ci éclaircit donc sa chandelle;

- Je suis Catalina, dit-elle doucement, mais pour mes amies, c'est Cat.

Le visage de leur hôte s'illumina, elle trottina jusqu'à une vieille commode en bois brut, et revint vers eux avec un cadre. Elle montra à Cat la photo d'une fillette blonde qui riait aux éclat

- Catalina, s'exclama-t-elle en montrant son mari, puis elle-même.

Cat sourit. Le hasard faisait parfois trop bien les choses, car cette petite coïncidence semblait mettre en joie la vieille femme. Elle lui demanda tant bien que mal où était sa fille, et la femme lui expliqua qu'elle était parti en Allemagne trouver du travail. Elle tapota sa poitrine, et affirma:

- Inima, Bucurest !

Cat acquiesça en silence. Elle ne connaissait pas beaucoup de mots roumains, mais "inima", le cœur, en faisait partie. Ses études lui avaient appris beaucoup de choses sur la Roumanie, aussi savait-elle que de nombreuses personnes étaient encore obligées de quitter leur pays pour survivre. Le jeune pays avait été frappé de plein fouets par les crises successives, alors qu'il s'était tout juste émancipé d'un état totalitaire qui avait perduré plus de 40 ans. Cependant, ces émigrés gardaient leur culture profondément ancrée, car les roumains étaient plus que tout attachés à leurs racines, à leur terre.

La soirée fila très vite, et bientôt ce fût la nuit. Elles prirent congé de leurs charmants hôtes, le ventre bien rempli, et exténuées par le voyage. Elles dormaient toutes les quatre dans une petite chambre, toute en longueur. Deux lits étaient collés à droite et à gauche du mur, et au fond, trônait un lit superposé. Après la traditionnelle dispute pour savoir qui dormirait en haut (Elena fut la gagnante ce soir-là), elles se couchèrent et s'endormirent immédiatement.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant