Chapitre 8

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Le trajet en bus pour rejoindre Louise et leur hôtel avait été interminable. Cat ne parvenait pas à se défaire de la sourde angoisse qui tordait ses entrailles. Et elle ne parvenait surtout pas à se défaire du vieux fantôme, qui la suivant comme son ombre. Durant le trajet entier, elle avait été assise à côté d'une grosse dame. Décébale, décidemment trop zélé, c'était littéralement assis sur la dame, ce qui signifiait, bien entendu, qu'il était passé au travers. Sauf que le vieil homme, de son vivant, devait être de petite taille. Et la dame, elle était pour le moins imposante. Elle avait donc juste à côté d'elle la tête de Décébale qui dépassait quelque peu d'une épaule charnue. De temps à autre, il se penchait vers elle, et son visage entier lui apparaissait, chuchotant gravement une remarque sur tel ou tel endroit. La situation était tellement surréaliste que Cat avait presque du mal à se concentrer sur sa situation, et à réfléchir à une solution. Elle sentait même poindre un rire nerveux, qui risquait fort de se transformer en crise de fou rire si elle ne se concentrait pas un minimum. Après que le vieux spectre ait fait une réflexion indignée sur la petite tenue d'une passagère (il est clair que la mode avait quelque peu évolué en 20 siècles), Cat décida de fixer le paysage, ignorant ainsi son chaperon trop encombrant. Celui-ci s'indigna de plus belle, mais dieu seul, ainsi qu'elle-même, pouvait l'entendre.

Lorsqu'elle arriva enfin à destination, elle monta directement dans sa chambre d'hôtel, sans faire plus de cas du fantôme. Elle ouvrit nerveusement la porte de leur chambre, et constata avec soulagement que Louise n'était pas encore revenue. Elle soupira et se laissa tomber sur leur grand lit. Le fantôme d'arrêta gravement en face d'elle. Elle évita son regard tant que possible, se saisit de son téléphone, et entreprit de répondre aux messages que Louise lui avait laissés. Elle ne serait pas rentrée à l'hôtel avant 18h, elle avait donc une demi-heure devant elle pour mettre les choses au point avec un vieux roi mort depuis... Environ 2 000 ans. Fastoche.

- Vous ne pouvez pas me suivre pendant une semaine, mon... euh, monsieur.

- Appelez-moi Décébale, comme tout le monde, jeune fille. Je crains que je ne mérite plus d'autre titre depuis des lustres.

- Euh bien, ce ne sera pas possible Décébale.

- A vrai dire, je vois mal comment vous pourriez m'en empêcher. Je traverse les murs, et vous ne pouvez m'emprisonner nulle part... D'autre part, Vlad m'a donné un ordre.

- Je pense que Vlad ne serait que plus heureux si vous reveniez vers lui en expliquant que vous m'avez perdu, je me trompe ?

- Sans doute pas. Mais Vlad a toujours eu cette faiblesse. C'eut été il y a vingt ans, je n'aurais peut-être pas fait plus de cas que lui. Mais aujourd'hui, je ne crois plus aux hasards. La situation est bien trop critique pour que quelqu'un comme vous soit laissé de côté.

Cat soupira.

- Je crains que vous ne soyez tous très déçus. Je ne suis qu'une femme, je n'irais pas jusqu'à dire normale, mais en tout cas je n'ai vraiment rien d'extraordinaire.

- Ça ma petite, c'est impossible. Vous ne me voyez pas par hasard.

Le petit fantôme se racla la gorge.

- Il est temps pour moi de vous expliquer plus en détails.

Le fantôme flotta solennellement au-dessus de lit, et se « posa » en tailleur en face d'elle.

- Si tu dois rencontrer l'Ordre dans une semaine, il va me falloir t'expliquer quelques choses. Tu connais sans nul doute l'Ordre du Dragon, si tu étudies le personnage de Vlad Tepes.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant