Chapitre 27

802 109 12
                                    

Cat ne s'ennuyait plus, ce qui était déjà un point très positif. Après la démonstration de danse de Vlad et sa cavalière, l'ambiance était devenue électrique dans l'assemblée, comme s'ils avaient ouvert le bal. Et les moroïs aimaient danser. Ils se déchaînaient au son de l'orchestre, qui d'ailleurs revisitait des standards modernes d'une façon étonnante. Enfin, « déchaîner », le verbe était mal choisi. Les moroïs présents avaient tous une sorte de distinction, de classe qui les faisaient paraître maîtres d'eux-mêmes, même lorsqu'ils sortaient échevelés d'un jive endiablé. L'alcool coulait à flot cependant, et certains lui semblaient avoir les yeux bien plus brillants, et les joues bien plus colorées qu'à leur arrivée. Un moroï pouvait-il être ivre ? Un verre surgit sous son nez, coupant net ce questionnement existentiel.


- Non merci Stefan, articula-t-elle.

C'était le troisième verre qu'il lui ramenait depuis leur discussion sur la comtesse, et elle devait déjà faire des efforts pour articuler.


- Détends-toi un peu, tu es raide comme un piquet ! Et cette soirée est loin d'être finie, alors tu ferais mieux de prendre un peu de carburant !

Il lui fit un clin d'œil, et descendit son propre verre. Loin d'être finie ? Il lui semblait que cela faisait déjà des heures qu'elle avait commencé ! Elle regarda pensivement son verre et trempa les lèvres dedans. Le cocktail était doux, très fruité, presque envoûtant. On sentait à peine l'amertume de l'alcool. Elle en prit une gorgée plus longue cette fois-ci, laissant l'arôme sucré envahir sa bouche. La musique changea une énième fois, entamant un air de rockabilly entraînant. Stefan se redressa promptement, soudainement excité. Il lui tendit la main avec enthousiasme. Elle secoua la tête en riant. Danser un plein milieu de toute cette troupe de moroï surdoués, voilà bien la dernière chose qu'elle avait envie de faire. Elle qui bougeait comme un manche à balai, c'était le ridicule assuré.


- Allez Cat, tu n'auras qu'à me suivre, je t'assure que c'est facile !


Avant qu'elle n'ait de nouveau eu le temps de protester, il l'entraîna sur la piste, posant leurs deux verres au passage. Cat se laissa guider, le cerveau engourdi par l'alcool. Étonnamment, son corps bougeait sans aucun mal sur le rythme effréné de la musique. Son cavalier dansait très bien, et la faisait tournoyer sans aucune difficulté. Très vite, trop vite même, le morceau toucha à sa fin. Cat rejoint sa place en riant, aux côtés de Stefan. Cela faisait bien trop longtemps qu'elle ne s'était pas amusée de cette façon.


- Honnêtement, s'exclama Stefan, les 50's ? C'était les meilleures années, tu m'entends ? Le paradis de la musique ! Qui, je te le demande, qui a jamais égalé the King ?

- Si je te répondais honnêtement, tu n'apprécierais pas, grimaça Cat.

- Qui ?

- Euh... The Rolling Stones ?


Stefan répondit par un effroyable rictus, en faisant mine de l'étrangler. Cat rit encore -ce que c'était agréable de rire ainsi - et récupéra son verre, qui l'attendait sagement. Elle plongea de nouveau son nez dedans, tout en jetant un regard en coin vers sa bête noire de la soirée, à savoir la charmante comtesse psychopathe, qui accaparait toujours Vlad.


- Tu crois qu'ils vont se marier ?


Elle n'avait pas dit ça tout haut ?


- Je n'aimerais pas, lui répondit le moroï.

Elle avait dit ça tout haut...

- Tu as entendu parler d'Iléna ? Demanda Cat de but en blanc.

- Tout le monde dans l'Ordre en a entendu parler. En revanche je suis étonnée que toi aies eu connaissance de son existence !

- En fait, à la base, avant que ma vie ne devienne une sorte de mauvais roman, j'étudiais en histoire. Et mon sujet était Vlad Tepes, en personne ! C'est pourquoi je suis au courant, mentit-elle.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant