Chapitre 11

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Cat suivait tant bien que mal Décébale à travers la place bondée. Au loin, elle apercevait sur un des chars à l'arrêt un homme vêtu d'une cape noire et qui arborait une grossière perruque noire, ainsi qu'une moustache postiche. Il cracha quelques mots en roumain, se leva, et disparut dans une explosion de fumée grise. La foule hurla, ravie par ce spectacle. Cat secoua la tête, perplexe, et s'empressa de rattraper son guide. Cet homme était sans doute la pâle reproduction de Vlad Tepes, mais elle avait du mal à saisir la finalité d'une telle mise en scène. Était-ce vraiment une simple attraction touristique, ou fallait-il chercher une signification plus traditionnelle à ce drôle de manège ? Elle ricana néanmoins en pensant que Vlad, le vrai Vlad, devait très probablement vomir ce genre de petit divertissement. Décébale l'entraîna dans le vieux centre-ville de Bucarest. Elle dut lui courir après dans plusieurs rues pavées, puis, il s'arrêta devant un grand bâtiment, d'apparence négligée. Cela avait sans doute dû être un très bel hôtel particulier, mais les traces noires sur les murs et les fenêtres lui donnaient un aspect presque abandonné, qui le faisait se fondre à merveille dans le reste du quartier. En jetant un rapide coup d'œil autour d'elle Cat, constata en effet que la rue n'avait rien de reluisant. En vérité, on pouvait même dire qu'elle paraissait carrément glauque. Elle suivit Décébale, qui s'engouffra à travers la porte. La jeune fille eut un instant d'hésitation, mais la porte s'ouvrit devant elle. Elle entra d'un pas incertain. Elle chercha une personne à remercier, mais la porte s'était visiblement débrouillée seule.

- Surtout Cat, ne fais pas trop attention à ce qui se passe autour de toi, et essaye d'avoir l'air détachée. Et... Enfin tu verras.

Elle n'eut pas le temps de protester, le fantôme se mit directement en route. Cette fois ci, il se déplaçait à une vitesse raisonnable, ce qui lui permit de regarder autour d'elle. L'extérieur du bâtiment était décidément très trompeur, car l'intérieur respirait le luxe. Le sol semblait être fait de carreaux de marbre, les plafonds étaient peints de manière extrêmement raffinée, et étrangement, le temps ne semblait pas avoir eu de prise sur les couleurs, qui étaient aussi vives que si elles avaient été peintes la veille. Elle traversa un long hall d'entrée, et emprunta un large escalier de marbre. La rampe était finement sculptée, avec pour point de départ une majestueuse tête de dragon. Arrivée en haut des escaliers, elle aperçut deux portes qui étaient grande ouvertes. A l'intérieur, on entendait de la musique, ainsi que des rires et des exclamations. Ils passèrent devant cette entrée, et Cat glissa un coup d'œil le plus discrètement possible. C'était une somptueuse salle de bal, remplie de somptueux invités. Au fond, elle distingua quatre hommes qui semblaient présider, assis sur de grands fauteuils. Parmi eux, elle reconnut Vlad, ainsi que Radu. Voilà pourquoi il ne l'avait pas lui-même raccompagnée jusqu'ici, il avait donc des obligations. En observant cette foule d'invités, Cat se sentit soulagée d'avoir cédé aux supplications de Louise et d'avoir accepté de porter un costume. Dans ce bâtiment, tout le monde semblait porter des vêtements hors du temps. Elle n'aurait su dire de quelle époque venait cette mode. Les corsets de femmes côtoyaient les bottes hautes, les longs manteaux, les chapeaux et les jupons bouffants. La veille, dans la boutique de costume, elle avait choisi un corsage sans manche blanc et doré, auquel était cousue une légère jupe blanche. Elle avait insisté pour porter un pantalon blanc en dessous. L'ensemble était assez incohérent, mais collait étrangement à l'ambiance de la réception. Décébale continuait sa route, et Cat le suivait, tout en emmagasinant le maximum d'informations sur ce lieu étrange. Ils montèrent de nouveau un escalier, moins majestueux que le précédent, traversèrent trois couloirs, puis le spectre s'arrêta devant une grande porte en bois sculpté. Celle-ci s'ouvrit avant que quelqu'un ait pris la peine de frapper, et sans que personne ne l'y aide. Cela semblait être une habitude propre aux portes de cette demeure.

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant