Chapitre 25

790 113 3
                                    

4 novembre, château de Bran.

Cat ne comprenait pas.

La veille au soir, épuisée par ses émotions, elle avait fini par s'endormir au chevet de Vlad. Elle s'était réveillée en plein milieu de la nuit, désorientée, ne reconnaissant pas le lieu où elle se trouvait. Mais lorsque qu'elle avait balayé la chambre du regard, son coeur avait raté un battement. Dans l'immense lit défait, le corps de Vlad était immobile, tordu dans une position improbable. Son visage avait viré au gris, et surtout, ses yeux bruns étaient entrouverts, incroyablement ternes, et fixaient sans le voir le plafond. Un léger filet de sang s'était échappé de ses lèvres exsangues, et avait suivi le contour de son menton, pour tacher le col de son t-shirt blanc. Elle avait senti un poids énorme s'écrouler sur ses épaules. Un froid glacial avait envahi sa poitrine, et noué sa gorge. Et après, que s'était-il passé ?

Elle se souvenait avoir pensé qu'elle ne pourrait pas supporter le poids d'une nouvelle mort, le poids de la culpabilité. Elle n'accepterait pas d'avoir une nouvelle fois provoqué la fin d'une vie. Alors une sorte de rage était montée en elle, mêlée à toute cette terreur face au corps froid et sans vie de celui qu'elle commençait à considérer comme un ami. Elle avait senti son sang bouillonner dans ses veines, tandis qu'une brise se levait dans la chambre. Elle se souvenait s'être vaguement interrogée, car la fenêtre était pourtant fermée. Seulement elle avait vite été distraite par ses mains. Puis ses bras. Qui luisaient, littéralement. Étrangement, elle n'avait pas paniqué. Elle s'était approché de Vlad, alors qu'autour d'elle c'était désormais une tempête qui se déchaînait. Son corps entier luisait, éclairant le visage figé du moroï. Elle avait alors attrapé ses mains, et il s'était mis lui aussi à briller, faiblement tout d'abord, puis d'une lumière si vive qu'elle ne distinguait même plus son visage. Derrière elle, elle avait entendu des cris et des voix, mais rien n'avait pu détourner son attention. Puis brusquement, tout s'était arrêter. Le vent avait cessé, entraînant la chute brutale de tous les objets qui avaient été malmenés, et la lumière avait disparu. Et pour la première fois depuis qu'il lui arrivait des choses étranges, elle ne s'était pas évanouie. Elle s'était simplement assise par terre avant que ses jambes ne flanchent, et elle avait paisiblement regarder les quelques spectateurs qui la fixaient, ahuris:

- Il est guéri.


*


Etonnamment, Cat ne s'était ni endormie, ni évanouie après cette étrange manifestation de pouvoir. Elle s'était juste sentie extrêmement sereine, comme si le poids sur ses épaules s'était complètement envolé. Elle avait tout d'un coup l'impression d'avoir vécu cent vies, et d'avoir acquis une sagesse infinie. En bref elle se sentait disposée à soigner qui voulait, et à dispenser des conseil sibyllins et mystérieux à tout bout de champ. Cependant cet état de béatitude ne dura pas longtemps.

- Où est-elle ?

Elle entendit les grognements de Vlad avant de le voir. Pour quelqu'un dont elle venait de sauver la vie ou presque, il semblait très ronchon. Elle fronça les sourcils.

- Du calme Vlad, tempéra une voix, qui n'était autre que celle de Stefan, elle a réussi à extraire complètement le poison de ton corps. Sans elle à l'heure qu'il est tu serais toujours en train d'agoniser dans ton lit !

- Et bien j'estime que quand on veut faire quelque chose, on le fait bien ! Sinon on s'abstient !

Cat sentit qu'elle commençait à voir rouge, et sa sérénité quasi bouddhiste s'envola aussi vite qu'elle était apparue. Elle bondit sur ses pieds, prête à incendier l'ingrat, quand soudain il apparut dans son champ de vision. Elle se figea, et sentit sa mâchoire se décrocher. Vlad, visiblement peu disposé à attendre qu'elle daigne parler, hurla presque :

L'Ordre du dragonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant